Antonin Labossière

Antonin Labossière
Maîtrise en études urbaines, 2012
Associé chez Rayside Labossière

 

« Pour moi, la contribution à la ville va bien au-delà de l’environnement bâti. C’est la façon dont les gens y vivent et occupent l’espace qui est fort intéressante. Il y a tellement d’autres façons de lire la ville, non seulement par le patrimoine architectural, mais par une compréhension plus complète de ses particularités culturelles, de son identité et de ses dynamiques sociales. »

Ce sont les enjeux liés à l’architecture, l’urbanisme et le design urbain dans une métropole qui animent profondément Antonin Labossière. Dès le début de notre entretien, son enthousiasme est palpable et on se rend bien vite compte de l’amour inconditionnel qu’il porte à ces attributs qui caractérisent une ville.

Diplômé en architecture de l’Université de Montréal, Antonin souhaitait avant tout élargir ses horizons et enrichir sa pratique de l’architecture lorsqu’il entreprend en 2007, une maîtrise en études urbaines à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), au centre Urbanisation Culture Société sous la direction en 2010 de Pre Annick Germain. « Au départ, je cherchais à accroitre mon champ d’action pour inclure d’autres perspectives et disciplines sans toutefois véritablement saisir ce qu’étaient les études urbaines. J’ai été rapidement séduit par le programme. Essentiellement, il m’a permis de voir la ville autrement. » Grâce à son éventail de thématiques, le programme en études urbaines l’a mené complètement ailleurs et c’est ce qu’il a le plus apprécié. Les questions de la ville dans son identité très large l’ont vite interpellé et sont venues nourrir un autre aspect important de son travail.

Antonin se rappelle : « ce fut un véritable bonheur d’avoir cette chance d’écouter mes professeurs et d’avoir le privilège de prendre ce temps pour apprendre ». Il a aussi grandement apprécié avoir la rétroaction d’étudiants et étudiantes plus jeunes qui avaient un autre regard sur la ville. Un regard qu’il qualifie de « plus intense et plus engagé », même si lui-même se qualifie de « très impliqué » étant donné la nature de son travail. Ces prises de position à partir de réflexions lui donnaient du recul et une plus grande appréciation du travail qu’il faisait avec les organismes communautaires, ses clients.

La lecture d’une ville autre que par une lecture de son environnement bâti l’a aussi incité à réfléchir à la ville différemment. Cette complexité qu’une ville porte suscite nécessairement des débats et des interrogations et Antonin avait la chance d’être engagé concrètement dans ces actions. Cela lui permettait une plus grande appréciation de son travail qui coïncidait très bien avec le rapport qu’il avait avec l’ensemble des clients de Rayside Labossière. La mission de cette firme d’architecture montréalaise est d’ailleurs axée sur l’architecture sociale, l’urbanisme communautaire, et le développement durable et soutient principalement des projets à justice sociale. Il encourage aussi les architectes à s’intéresser davantage aux phénomènes urbains et de ce fait, favoriser une meilleure compréhension des besoins des citadins, ainsi que l’amélioration de la conception inclusive et responsable dans la pratique architecturale.

Un conseil pour les membres de notre communauté étudiante en études urbaines ? « Ce serait d’avoir une lecture bienveillante de la ville. Ce qui fait sa richesse, ce sont ses couches de lecture et les étudiant·e·s ne devraient pas hésiter à ajouter leurs propres interprétations. La ville peut être intimidante, par sa grosseur et par son dynamisme. Il ne faut pas craindre d’y ajouter nos propres couleurs. » Antonin souligne également qu’il faut prendre le pouls de la ville en temps réel, prendre le temps de comprendre, de multiplier les points de vue et les appréciations que nous avons sur la ville.

En guise de conclusion, Antonin résume : « La ville, il faut l’aimer. Peu importe le niveau de richesse et depuis combien de temps on l’habite. On tombe en amour avec une personne, une chose, et même une ville. Il ne faut pas hésiter à dialoguer avec elle. La recette est facile, on oublie parfois les ingrédients de base. »

[Propos recueillis en juin 2023.]

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