Silvana Jananji

Silvana Jananji
Maîtrise en immunologie et virologie, 2004
Scientifique pharmacologie in vitro, Ventus Therapeutics

Silvana Jananji

« Les habiletés en résolution de problèmes, en communication et en vulgarisation scientifiques, sont des qualités que j’ai pu développer lors de mon passage à l’INRS et qui ont été essentielles à mon développement en tant que scientifique. »

Après l’obtention de son baccalauréat en biologie de l’Université McGill, Silvana Jananji effectue un stage de plusieurs mois au centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie (AFSB) sur l’isolement de composantes chimiques de l’Achillée millefeuilles et prend la décision ultérieurement, de poursuivre sa maîtrise sous la direction d’Albert Descoteaux sur le parasite Leishmania donovani, une maladie transmise par la piqûre d’une mouche des sables que l’on trouve surtout dans les régions tropicales. Elle résume : «Le but était de trouver comment le parasite réussit à duper le système immunitaire, qui le détecte mais qu’il arrive quand même à détourner et à utiliser à son avantage. Ce qui a rendu ce travail de recherche fort intéressant, c’est de comprendre ses mécanismes qui à l’époque, n’étaient pas encore compris.»

Silvana qualifie son passage au centre AFSB de très stimulant où elle a pu au cours de ses sept années au centre, travailler sur divers travaux de recherche et occuper différents postes après l’obtention de son diplôme. L’un de ses emplois d’été pendant sa maitrise a été d’accompagner une étudiante du secondaire dans un laboratoire de recherche pour le programme Apprentis chercheurs de l’INRS pendant une semaine. «  Ce programme débutait lorsque j’étais étudiante à AFSB. Quelques années plus tard lorsque je travaillais à l’hôpital Sainte-Justine, j’ai rencontré par hasard cette même étudiante avec qui j’avais été jumelée et qui réalisait sa maitrise en sciences. J’ai été très heureuse de voir que peut-être, j’avais eu un impact sur son choix de carrière. Ceci m’a fait bien plaisir. »

Silvana considère que la vie étudiante au centre AFSB lui a aussi été profitable pour le développement de sa carrière. Elle a eu l’opportunité de participer à l’organisation d’un congrès Armand-Frappier au Manoir du lac Delage à Québec et cette expérience lui a permis d’apprendre les rudiments de l’organisation d’un événement. « Ce sont des opportunités d’apprentissage. Ce fut pour moi une occasion incroyable d’en apprendre davantage sur les rouages d’un événement. »  La mission du congrès Armand-Frappier est d’offrir une occasion pour les étudiantes et étudiants francophones des cycles supérieurs de faire connaitre leurs travaux scientifiques par le biais de présentations orales et de présenter ses résultats de recherche devant ses pairs. Silvana souligne que tout au long de son parcours au centre AFSB, elle s’est sentie «encouragée à participer à des colloques et congrès et incite les étudiantes et étudiants actuels à y participer. Cela permet d’apprendre à communiquer clairement ses projets de recherche, à bien présenter son travail, et à échanger avec des gens d’autres instituts de recherche et universités. L’apprentissage de ces qualités fait une réelle différence et m’a grandement aidée dans ma carrière scientifique. »

Silvana souligne également que la petite taille du centre AFSB fait en sorte qu’on peut explorer et collaborer de façon étroite avec ses pairs et professeur-e-s, ce qui lui a permis en autre d’apprendre et d’approfondir un grand éventail de techniques de laboratoire et qui a été très formateur. Elle qualifie que «la recherche en général est plus souvent décourageante qu’encourageante». Rares sont les expériences scientifiques qui fonctionnent dès le début et qu’après plusieurs années d’expérience professionnelle, Silvana connaît bien cette réalité. «Si ton expérience ne fonctionne pas, il faut le regarder sur un autre angle. La résolution de problèmes devient notre quotidien et on devient très bon à le faire. Les difficultés de la maitrise, ce sont les nombreuses mises au point des expérimentations, les essais de longue haleine, l’imprévisibilité de la science, les résultats non-concluants. On a un objectif, mais des obstacles nous mènent parfois ailleurs ou nulle part. Notre patience est mise à l’épreuve et il est parfois difficile de rester engagé et de faire avancer le projet.»

« Persévérer et faire preuve de détermination fait toute la différence. Penser à une autre explication vis-à-vis nos observations. Il faut toujours se remettre en question parce qu’il y a toujours moyen de voir les choses autrement. »

Depuis 2021, Silvana occupe le poste de scientifique chez Ventus Therapeutics, une société biopharmaceutique située à Montréal et Boston, spécialisée dans la découverte de médicaments sous forme de petite molécule. Selon elle, «les biotechnologies s’appuient sur la science et les découvertes issues de la recherche fondamentale et on observe de plus en plus de collaboration entre ces deux milieux. Ceci rend mon emploi d’autant plus stimulant, me permettant ainsi de rester en contact étroit avec la recherche fondamentale.»

Silvana conclut cet entretien avec ce précieux conseil pour les étudiantes et étudiants : «Ne craignez pas de partager les difficultés et les échecs encourus dans vos essais avec vos collègues. N’ayez pas honte de vos embûches, allez vers les autres, cherchez à faire de la bonne science et sortez des sentiers battus. Restez objectif et gardez toujours un esprit critique. Faire de la bonne science c’est de ne pas tirer des conclusions trop hâtives. Il faut s’assurer que tous les angles ont été couverts et que les bonnes formules statistiques ont été utilisées afin d’en tirer les bonnes conclusions.»

[Propos recueillis en mars 2023.]