Oussama Moutanabbir

Oussama Moutanabbir
Doctorat en sciences de l’énergie et des matériaux, 2005
Professeur titulaire au Département de génie physique, Polytechnique Montréal

Oussama Moutanabbir

« Mon parcours à l’INRS m’a appris à me distancier des sujets à la mode et à me concentrer plutôt sur des sujets de niches ou de nouvelles façons de faire reposant sur ma capacité à offrir des réponses à des questions fondamentales, à fournir une contribution qui a un impact pour la société. » 

Fasciné depuis toujours par la physique et les calculs théoriques sur les interactions particules-matière, le professeur Moutanabbir estime que sa carrière n’est pas planifiée d’avance, mais simplement le fruit d’une série d’accidents et de coïncidences intéressantes. Selon lui, ses réalisations tiennent au fait qu’il dise toujours « oui » aux opportunités qui se présentent à lui. Ce sont d’ailleurs les encouragements du professeur Bernard Terreault qui l’ont amené à quitter le Maroc après l’obtention d’un baccalauréat en physique pour tester ses calculs en laboratoire à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Varennes.

Arrivé au Québec le 20 décembre 2000 c’est la richesse intellectuelle, la culture et la liberté d’expérimenter qui lui a été donnée qu’il retient de son parcours à la fois « excitant et épeurant » au Centre Énergie Matériaux Télécommunications de l’INRS. Celui qui préférait alors la théorie à la pratique admet avoir mis plusieurs semaines à simplement trouver l’interrupteur de mise en marche d’une machine du laboratoire du professeur Terreault. Il se souvient du campus de l’INRS à Varennes comme d’une communauté insulaire où il pouvait entreprendre de riches conversation à brûle-pourpoint avec des professeurs croisés dans les corridors. « Il y avait un esprit de communauté très agréable », résume-t-il. « Beaucoup plus que dans les milieux universitaires conventionnels, les profs étaient très généreux de leur temps, concentrés sur la recherche, on sentait qu’ils pouvaient converser et penser avec les étudiants. J’ai vécu ainsi beaucoup d’accidents d’idées qui ont stimulé mon travail, » ajoute-t-il.

Au-delà de ses recherches sur les effets isotopique dans les semi-conducteurs – qui ne suscitaient peu d’intérêt des chercheurs et encore moins des industriels canadiens à l’époque – il se souvient de la vitalité du milieu étudiant, où la pizza était partagée le vendredi et où on jouait au soccer avec les voisins, les collègues de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ). Les relations qu’il y a tissées avec les membres de la communauté étudiante et professorale perdurent jusqu’à ce jour. « Chaque fois que quelqu’un de l’INRS me demande de participer à quelque chose, j’accepte sans hésiter », dit-il. C’est aussi à Montréal qu’il a rencontré celle avait qui il allait fonder une famille en parcourant le monde et grâce à qui il est ensuite rentré au Québec.

Réfléchissant à ce qui a marqué son parcours depuis l’INRS, il souligne qu’il a choisi de faire ses recherches sur des sujets qui ne passionnaient presque personne à part lui. « Mon parcours à l’INRS m’a appris à me distancier des sujets à la mode et à me concentrer plutôt sur des sujets de niches ou de nouvelles façons de faire reposant sur ma capacité à offrir des réponses à des questions fondamentales, à fournir une contribution qui a un impact pour la société », affirme-t-il. Cette approche l’a mené à publier et à diffuser les résultats de ses recherches à travers le monde, avant de passer par l’Institut Max-Planck de physique, en Allemagne, de poursuivre des recherches à Keio University au Japon, en étroite collaboration avec l’Université de Californie à Berkeley aux États-Unis. Le programme de recherche « unique au monde » qui résulte de ses expériences et de ces maillages qui prennent leur source à l’INRS s’est transporté à Polytechnique Montréal où il est aujourd’hui professeur titulaire au Département de génie physique, avec une expertise particulière en semiconducteurs quantiques et nanoscopiques qui lui ont valu une Chaire de recherche du Canada de niveau 2.

De retour à Montréal avec sa famille, il apprécie sa chance : « Je prends plaisir à donner aux étudiants la capacité de construire leur propre chemin, à offrir des opportunités aux jeunes, comme celles qui m’ont été offertes. Il n’y a pas meilleur privilège que celui d’aider les autres à réaliser leurs rêves », résume-t-il. Il conseille aux étudiantes et étudiants de bien choisir un environnement de travail qui leur permettra d’avoir une grande liberté d’explorer hors des sentiers battus. Il souligne qu’une fois qu’on trouve ce milieu, « il faut démontrer une grande rigueur et aller jusqu’au bout, persévérer. Pour avoir un réel impact, il faut de la persistance et de la résilience. Sans ça, il est impossible d’établir de nouvelles frontières du savoir ou de faire des transferts de technologie. » Il conclut ainsi : « Il n’existe pas de science ennuyante, seulement des personnes qui s’ennuient trop vite ».

[Propos recueillis en avril 2023.]

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