Frédéric Bouchard

Frédéric Bouchard
Doctorat en sciences de la Terre, 2013
Professeur adjoint au Département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke

Frédéric Bouchard

« L’INRS présente de grands avantages : une bonne expérience scientifique et humaine et un accès en tout temps à des laboratoires ultra modernes équipés de tous les appareils dont on a besoin pour effectuer des analyses de façon efficace et automatisée. » 

Passionné par les sciences dans leur ensemble et les sciences de la Terre plus particulièrement, notre diplômé Frédéric Bouchard est mû par le souhait de rendre les connaissances accessibles au plus grand nombre. Il est aussi partisan des parcours atypiques, qui font le pont entre le monde universitaire et d’autres milieux, et s’intéresse à la recherche en terrains nordiques.

C’est son baccalauréat en géologie qui le transporte à la Baie James et l’incite à explorer davantage les sols nordiques et à entreprendre une maitrise au cours de laquelle il s’intéresse aux liens entre pergélisol, climat et paysage au Nunavik. Il travaille ensuite comme géologue dans une mine de sel aux Îles-de-la-Madeleine, puis comme guide d’excursion dans une station touristique, où il jumelle ses intérêts pour la géologie et les paysages. Puis, il enseigne les sciences de la Terre au niveau collégial. Alors qu’il se questionne sur la poursuite de sa carrière en enseignement ou en recherche, il apprend que le professeur Pierre Francus – un expert en sédimentologie environnementale qu’il avait rencontré lors d’une conférence alors qu’il étudiait à la maîtrise – cherche un.e étudiant.e de doctorat pour un projet de thèse sur les lacs du Nunavik, en droite ligne avec son expérience antérieure. 

C’est ce qui l’amène à entreprendre des études doctorales au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS, de 2007 à 2012. Il en retient « une super bonne expérience scientifique et humaine » où on lui laissait beaucoup d’autonomie et de latitude, avec une bonne dose d’humour. Selon lui, « l’INRS présente de grands avantages : un accès en tout temps à des laboratoires ultra modernes équipés de tous les appareils dont on a besoin pour effectuer des analyses de façon efficace et automatisée », dit-il. « De plus, l’INRS et la Commission géologique du Canada sont situés dans le même édifice, ce qui suscite des discussions de corridors exceptionnelles », ajoute-t-il. Dans le cadre de ses recherches qui allient sciences de l’eau et sciences de la Terre, il a apprécié ses riches interactions avec les professeurs Isabelle Laurion, spécialiste de l’écologie aquatique, et Charles Gobeil, expert en datation des sédiments.

Grâce à l’accueil chaleureux de tout le personnel, dont Jean-Daniel Bourgault à la bibliothèque, Stéphane Prémont et Lise Rancourt dans les laboratoires, il s’est senti chez lui à l’INRS. Il a aussi acquis des habiletés essentielles pour un chercheur, dont une méthode de travail scientifique et des aptitudes pour la rédaction. Son expérience à l’INRS alimente par ailleurs son rêve de devenir professeur à l’université, qui s’est avéré une quête « furieusement compétitive ».

Après un parcours qu’il qualifie de sinueux, et suite à un postdoctorat de quatre ans en France dans le cadre de l’appel à projet de collaboration internationale « Make Our Planet Great Again » qui l’a amené à gérer une équipe sur le sol de Sibérie, puis à différentes charges de cours, il a obtenu en 2021 un poste de professeur adjoint au Département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke où il poursuit sa passion pour la recherche et l’enseignement. Il estime que ses expériences de travail diversifiées lui ont permis d’atteindre son objectif.

Il incite les étudiants à « être créatifs et ne jamais cesser de trouver de nouvelles idées et de monter de nouveaux projets ». Il ajoute : « Les postes en entreprise, dans les ministères, partout dans les métiers non-universitaires requièrent des talents acquis à l’INRS, comme savoir gérer un projet, rédiger un rapport, travailler en équipe, être présent sur le terrain. Ce sont des compétences transférables et essentielles, qu’on fasse carrière en recherche ou non. ». « Je n’ai jamais vraiment eu de plan de carrière. Il n’y a pas un seul cheminement en particulier, tu peux prendre des pauses entre tes diplômes, tu peux travailler dans des milieux différents, suivre le fil de tes intérêts, l’important, c’est de mettre à profit ton savoir et ton savoir-faire, tes connaissances et ton expérience, » conclut-il.

C’est ce principe qui fait de la vulgarisation scientifique un fil conducteur de sa carrière à ce jour. La publication, en novembre 2022, de son livre grand public intitulé Ici, la Terre. Dix aventures scientifiques qui ont changé notre image du monde. en est une manifestation.

[Propos recueillis en septembre 2022.]

D’autres parcours inspirants

Parlez-nous de votre essai Ici, la Terre. D’où vous est venue l’idée? Pourquoi s’y intéresser?  

Même si le transfert des connaissances vers le grand public n’est pas très valorisé en général dans le monde de la recherche, je me suis toujours entêté à en faire et à inscrire ces activités et publications dans mon CV. Puisque ce sont les impôts québécois et canadiens qui financent mon travail, j’estime que je dois expliquer aux gens ce que je fais et pourquoi c’est important.

J’ai toujours eu le souci de rendre les connaissances accessibles. Lorsque j’étais étudiant, j’ai tenu une chronique à la radio où je mettais de l’avant des scientifiques méconnus et des sujets touchant aux sciences de la Terre. Il y a quelques années, j’ai aussi travaillé avec quelques collègues sur une BD sur le pergélisol qui a été traduite en plusieurs langues. Cet intérêt a eu plusieurs ramifications inattendues. 

Lorsque j’étais en France, j’avais un poste de chercheur sans tâche d’enseignement. Le moment a été propice pour développer un nouveau projet de vulgarisation. On m’a dit : pourquoi tu n’écrirais pas un livre? Dans le domaine des sciences naturelles, il n’est pas trop fréquent de publier des livres grand public. En repensant à mes chroniques à la radio CKRL de Québec, je me suis dit que j’avais découvert et diffusé plein d’histoires intéressantes, mais la radio c’est un médium éphémère. J’ai pensé que ce pourrait être intéressant de laisser une trace de ces histoires qui méritent d’être racontées.

J’ai donc ressorti mes chroniques et poursuivi ma recherche là-dessus. Ça été un projet top secret durant quatre ans. J’écrivais quelques lignes de temps en temps. Puis, il y a quelques années, j’ai contacté une maison d’édition de Montréal à qui j’ai envoyé un chapitre comme échantillon, et ils ont bien aimé bien le style. Pendant deux ans, on a échangé différents chapitres et commentaires, jusqu’à ce que, il y a deux ans, on me confirme qu’il y avait assez de matériel pour en faire un livre. J’ai mis les bouchées doubles pour le terminer. Le lancement est prévu le 2 novembre et je n’en reviens pas encore.

Ça part d’un souci de vulgariser la science en général et les sciences de la Terre en particulier. Ce sont dix chapitres, dix histoires inspirées de mes premières amours en géologie, mon expérience de terrain en Sibérie, sur la tectonique des plaques, l’exploration des fonds marins, la glaciation... Ça se déroule du XVIIe siècle aux années 1960. Ces dix péripéties visent à faire connaitre des scientifiques et le contexte social et politique de leur époque. Les chercheurs sont humains, donc imparfaits. On a chacun ses couleurs dans des relations de compétition et de collaboration. L’aspect humain est rarement évoqué dans les découvertes, alors je souhaitais le faire découvrir. Le livre s’adresse au grand public et c’est écrit dans un style que tout le monde peut lire, de nos ados à nos grands-mères. C’est pour tout le monde qui a un certain intérêt pour les sciences en général et la Terre en particulier.