Eric Bergeron

Eric Bergeron
Maîtrise en télécommunications, 1995
Fondateur et président-directeur général, Flyscan Systems

Eric Bergeron

« Comme le hockey, l’entreprenariat est un sport de jeunes. Vous n’êtes pas trop jeune pour démarrer une entreprise. Au contraire, plus on est jeune quand on connait l’échec, plus on peut se relever et bâtir sur cette expérience pour repartir à neuf. » 

Ingénieur de formation et entrepreneur en série, notre diplômé de la maîtrise en télécommunications de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Eric Bergeron carbure à l’audace et à l’innovation. Expert des télécommunications optiques et sans-fil, il a roulé sa bosse du Québec et aux États-Unis, en passant par l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Jeune pousse issue de l’Institut national d’optique (INO), sa deuxième entreprise Flyscan Systems a décollé en 2015 et compte les plus grands opérateurs de transport d’énergie parmi ses clients avec sa technologie optique de détection de fuites et ses logiciels d’intelligence artificielle pour la détection des risques géotechniques. Sa première entreprise, Optosecurity, desservait quant à elle certains des plus grands aéroports du monde et a été acquise par une multinationale néerlandaise et qui est toujours présente à Québec.

Bien qu’il ne soit pas resté en contact avec les autres étudiants de sa cohorte, Eric Bergeron se souvient qu’il était entouré de gens brillants : « J’étais une petite bolle parmi les grosses bolles », résume-t-il. Ingénieur en fibre optique à l’emploi de Bell Canada qui cherchait à perfectionner sa technologie sans fil, il a bénéficié d’un programme de l’entreprise qui lui offrait les conditions idéales pour entreprendre une maîtrise en télécommunications à l’INRS-Télécommunications, qui était alors dans les installations de Bell, à l’Île-des-Sœurs, à Montréal. Il y a vécu une expérience stimulante, sous la direction du professeur Gilles-Y. Delisle – alors directeur du Centre – et la co-direction du professeur Charles Despins. Au cours d’une année de travail intensif, qui a ranimé ses habiletés mathématiques et dépoussiéré ses connaissances des équations différentielles et matricielles, ses recherches lui ont permis d’améliorer la compréhension des technologies des antennes sans fil. « Ça été difficile, j’ai eu mal aux muscles du cerveau au début, mais j’ai beaucoup appris, ça été transformateur, tant sur le plan académique que technologique », dit-il.

Après l’obtention de son diplôme, il a poursuivi sa carrière chez Bell durant quatre ans avant d’accepter une offre chez Télésystème International Sans-fil (TIW) une entreprise québécoise fondée par Charles Sirois présente sur les marchés internationaux et qui démarrait alors au Canada son service de téléphonie sans-fil Fido. L’expertise en sans-fil était recherchée alors que l’Internet mobile était à ses premiers balbutiements et les fonctions d’Erice Bergeron l’ont notamment amené à travailler en Europe, en Asie et en Amérique du Sud, de 1997 à 2000.

Fort de son réseau professionnel d’envergure, il choisit ensuite de se joindre à une jeune pousse basée à Washington et aux Pays-Bas. L’aventure a duré deux ans et lui a permis d’apprendre les rouages de la mise sur pied d’une entreprise, de l’élaboration d’un plan d’affaires et d’un budget de fonctionnement à la recherche de financement, notamment de capital-risque. C’est l’effondrement du NASDAQ en 2002 qui a mis un terme au projet et l’a incité à rentrer au Québec où il a ensuite œuvré au sein d’un fonds de capital de risque en optique et sans-fil chez Innovatech. En un an, il a appris à lever les fonds, à mettre en place des conventions d’actionnaires et à composer un conseil d’administration.

Puis, il était mûr pour démarrer une nouvelle startup s’appuyant sur une technologie de l’INO qui « cherchait des entrepreneurs courageux pour commercialiser ses technologies », dit-il. À la fin de 2003, alors à la mi-trentaine, il relève le défi. Dans le contexte de rehaussement des dispositifs de sécurité aéroportuaire suite au 11-Septembre, « Optosecurity s’appuyait sur une technologie optique de pointe pour développer un système de détection des explosifs et des armes dans les bagages d’avion », résume-t-il. L’entreprise a obtenu 38 millions de dollars en capital-risque, « et des clients de partout dans le monde, sauf du Canada », précise-t-il, avant d’être acquise par une compagnie néerlandaise.

Fort de ce succès, il démarre ensuite Flyscan Systems, qui utilise une technologie de télédétection qui permet de déceler des hydrocarbures liquides destinée principalement aux oléoducs et gazoducs. Le produit mis au point trouve aussi des applications pour la détection de l’érosion, de l’état de la végétation, des ruisseaux et des réseaux de distribution électriques. Son entreprise compte maintenant une trentaine d’employés et sa clientèle se trouve principalement aux États-Unis, comme dans sa première compagnie où les clients étaient surtout en Europe, ce qui l’étonne. Cette fois-ci, l’intérêt est aussi présent de clients et d’investisseurs en Alberta.

Pour changer les choses et avec un pas de recul sur sa carrière de près de 35 ans, il souhaite partager ses connaissances et son expérience avec une nouvelle génération d’entrepreneurs scientifiques. Il aimerait notamment que l’INRS intègre dans le parcours de sa communauté étudiante des formations en entreprenariat. Selon lui, « la peur est mauvaise conseillère ». « Personne dans ma famille n’était jamais parti en affaires. Ma parenté me disait que j’étais fou, que j’allais tout perdre ! », se souvient-il. Il conseille donc aux étudiantes et étudiants de l’INRS de prendre des risques, de croire en leurs idées, de planifier et de foncer. « Comme le hockey, l’entreprenariat est un sport de jeunes. Vous n’êtes pas trop jeune pour démarrer une entreprise. Au contraire, plus on est jeune quand on connait l’échec, plus on peut se relever et bâtir sur cette expérience pour repartir à neuf », conclut-il.

[Propos recueillis en septembre 2023.]

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