David Garces-Gonçalves
Doctorat en biologie (2015)
Maîtrise en sciences expérimentales de la santé (2011)
Conseiller en promotion de la santé, Direction de santé publique, Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval
« [ À l'INRS,] chaque étudiant pouvait être l’artisan de sa propre carrière. C’était à nous de construire notre CV à partir de la mosaïque d’expériences que l’INRS mettait à notre disposition. C’était notre choix d’ouvrir ces portes ou pas. »
David Gonçalves consacre ses journées à faire en sorte que la santé de la population lavalloise soit prise en compte dans une perspective d’environnements favorables à la santé et d’adaptation aux changements climatiques. Ses interventions, sur des sujets aussi variés que le verdissement, les épisodes de chaleur extrême ou la transition socioécologique, s’appuient sur sa formation scientifique au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie à l’INRS. Elles s’inscrivent dans le même esprit d’échange avec différents acteurs comme la Ville de Laval, les organismes communautaires, ainsi que les autres groupes professionnels en santé publique de Laval et des autres régions du Québec.
Alors qu’il étudiait au baccalauréat en microbiologie à l’Université de Montréal, un collègue le présente au professeur Denis Girard, expert en immunologie, inflammation et nanotoxicologie. Dès le premier contact, David est emballé. Leurs échanges sont dynamiques et il comprend rapidement que l’INRS est un établissement universitaire différent : « plus dans le labo et moins dans les cours ». Encore aujourd’hui, il souligne la qualité de l’environnement de recherche et de formation qu’il y a trouvée, en plus d’évoluer sur un campus « enchanteur et paisible », en bordure de rivière. Il a adoré y faire ses études de maîtrise en sciences expérimentales de la santé (2011) et doctorales en biologie (2015), plongé dans l’univers de la nanotoxicologie. « C’était un milieu valorisant où j’avais beaucoup d’autonomie. Une expérience aussi très stimulante sur le plan intellectuel », résume-t-il.
Il y a aussi fait des rencontres marquantes. « J’ai beaucoup apprécié l’esprit de famille. Puisque ce n’est pas énorme, tout le monde se connaît et il n’y a pas de distance entre chercheurs et étudiants. Tout le monde dine ensemble. » Il en retient que « chaque étudiant pouvait être l’artisan de sa propre carrière. C’était à nous de construire notre CV à partir de la mosaïque d’expériences que l’INRS mettait à notre disposition. C’était notre choix d’ouvrir ces portes ou pas », affirme-t-il. Pour sa part, il s’est engagé à fond : dans le Congrès étudiant Armand-Frappier, dans la série de conférences Parlons sciences, où, avec un petit budget de bière et pizza, ses collègues et lui ont invité des conférenciers de renom, dans le comité d’évaluation des programmes, etc.
Malgré ces expériences enrichissantes, au sortir de ses études, son arrivée sur le marché du travail différait du contexte de plein emploi actuel. Son parcours de chercheur postdoctoral mal encadré dans une grande université montréalaise est peu concluant. « J’avais l’impression que mon choix de faire un postdoc pour devenir chercheur dans ma propre ville était en train de me coincer, ce n’était pas évident. Je ne voulais pas me retrouver dans la quarantaine, sans expérience de travail, avec des enfants et sans perspective. », résume David.
Il saisit ensuite diverses opportunités pour tisser le fil de sa carrière. « J’explorais mes options », dit-il. À titre de chargé de projets chez Parkinson Québec, il travaille aux côtés de Claudie Noël, une autre diplômée de la maîtrise en sciences expérimentales de la santé (2016) avec qui il a travaillé dans le laboratoire de Denis Girard. Durant ces trois années, il met à profit ses habiletés en gestion de projet, en organisation de congrès, ses compétences scientifiques en sciences de la santé et son sens critique scientifique développé au cours de ses études à l’INRS. Ensuite, il allie deux de ses champs d’intérêts, les sciences de la vie et l’espace, en œuvrant au Cosmodôme de Laval à titre de chargé de projets éducatifs et scientifiques.
Depuis quatre ans, il est conseiller en promotion de la santé à la Direction de santé publique de Laval. Il affirme trouver une meilleure cohérence entre ses études supérieures et son poste, qu’il trouve varié et qui satisfait sa curiosité. « J’ai été embauché grâce à mes compétences en toxicologie pour travailler sur des dossiers de santé environnementale. Actuellement, je travaille exclusivement sur le dossier changement climatique. C’est un sujet d’actualité et d’avenir. Je travaille avec et pour la population… J’aime vraiment ça », dit-il.
Avec le recul, il estime avoir acquis sa capacité de travail « intense » à l’INRS. Il y a apprécié la diversité des tâches et des cours. « Les personnes que j’y ai rencontrées m’ont ouvert l’esprit », ajoute-t-il. Il y a entre autres rencontré le postdoctorant Jean-Patrick Toussaint, qui a notamment travaillé à la Fondation David Suzuki et à la Fédération québécoise des municipalités et qui dirige maintenant le Programme climat de la Fondation familiale Trottier. « Parmi ses réalisations, Jean-Patrick a écrit un livre sur le parcours des doctorants après l’obtention de leur diplôme. C’est inspirant de côtoyer des gens comme lui… et des personnes brillantes au profil similaire, j’en ai rencontré beaucoup à l’INRS », souligne-t-il.
Il estime que la polarisation de la société est l’un des enjeux les plus critiques en matière de santé publique. C’est pourquoi il juge essentiel que la science soit valorisée à tous les niveaux dans notre système d’éducation. « Le cynisme s’atténue par la valorisation de la science et de l’éducation en général. Les personnes qui ont eu plus d’opportunités d’apprentissage développent souvent une meilleure capacité d’autocritique », affirme-t-il.
Au début de la quarantaine, il constate que la vie passe très vite. « Il faut essayer de combiner le plaisir ou la quête de sens avec l’utilité et l’efficacité », observe-t-il. C’est pourquoi il estime que le milieu universitaire doit se soucier de l’avenir de la relève qu’il forme, en offrant aux jeunes des cours d’entrepreneuriat et des opportunités de réseautage qui leur ouvriront de nouvelles possibilités. « Faire des études supérieures, ça prend six ou sept ans, il faut que ça nous confère une valeur ajoutée, une pertinence, pas seulement un catalogue de compétences », ajoute-t-il. « La vie, c’est court, l’essai-erreur est important pour apprendre, mais c’est mieux de faire ces expériences plus tôt que tard », conclut-il.
[Propos recueillis en mai 2024.]