Stephan Séjourné
Doctorat en sciences de la Terre, 2007
Maîtrise en sciences de la Terre, 2000
Président et fondateur, Enki GéoSolutions
« Quand on finit une maitrise ou un doctorat, on maitrise un sujet, mais on ne connaît pas tout. Il faut être sûr de soi, mais retenir qu’on a surtout appris à apprendre. C’est cette posture qui nous permettra de résoudre des problèmes complexes et d’éviter les solutions de facilité. »
Géologue de formation, Stephan Séjourné a atterri à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) par hasard au terme d’un échange universitaire entre la France et le Québec qui l’a d’abord mené à l’Université Laval. Le professeur Michel Malo lui a ensuite proposé d’intégrer un projet de recherche multidisciplinaire, un travail de terrain – avec marteau et boussole – à Saint-Hyacinthe jumelant l’analyse structurale et la géochimie des écailles de carbonates dans les Appalaches. Son travail de maitrise en sciences de la Terre (2000) a pavé la suite de sa carrière.
Il enchaine ensuite ses études doctorales en sciences de la Terre (2007), dans la même région mais aussi jusqu’aux abords du lac Champlain, avec une recherche plus étoffée combinant son approche précédente à l’analyse des inclusions fluides et à l’interprétation de lignes sismiques. Depuis, « tout ce qui concerne les fluides dans le sous-sol m’intéresse », résume-t-il.
De son « excellente expérience » à l’INRS, Stephan retient l’accessibilité et la bienveillance des professeurs. « J’avais l’impression de faire partie d’une grande famille et que tout était possible », ajoute-t-il. Il y a également développé une « pensée scientifique indépendante ». L’environnement de confiance qu’il a trouvé à l’INRS lui permet « d’apprendre vite et d’essayer des choses », une culture différente de ce qu’il a connu auparavant. Selon lui, les installations « petites, confortables et calmes » confèrent à l’INRS une atmosphère de « village où tout le monde se connaît très bien ». Ses recherches comprenaient beaucoup de travaux de terrain, mais aussi des expériences de laboratoire et d’utilisation des systèmes informatiques, ce qui a contribué à faire de lui un géologue plus complet, plus agile.
« La notion d’interdisciplinarité est très importante et pertinente pour moi », poursuit-il. L’INRS lui a permis de plonger tête première dans l’interdisciplinarité en interagissant au quotidien avec des scientifiques de l’INRS, mais aussi avec les experts de la Commission géologique du Canada, qui sont hébergés dans les locaux de l’INRS à Québec.
Stephan a entrepris sa carrière avant de terminer ses études doctorales. Géologue auprès de compagnies d’exploration de gaz naturel, il a réalisé des mandats de consultant en choisissant ses projets en fonction de ses capacités et de ses intérêts.
Il s’est ensuite réorienté vers d’autres ressources et formes d’énergie, comme la géothermie, l’hydrogène, l’hélium et le stockage du CO2. Ce qui l’intéresse, c’est de mettre à profit ses connaissances scientifiques dans la démarche d’exploration, c’est-à-dire, aider à comprendre et à expliquer pourquoi une ressource est présente ou pas sur un site donné. Ses mandats l’ont mené d’un bout à l’autre du Québec, du Canada et ailleurs en Amérique du Nord et même en Afrique.
En 2017, Stephan a fondé Enki GéoSolutions, une firme offrant des services de consultation en exploration géologique de différentes ressources naturelles. Dernièrement, il s’intéresse particulièrement à l’hydrogène naturel. Ses clients sont des entreprises d’exploration ou des organisations en recherche-développement. Il les accompagne dans l’élaboration de programmes d’exploration clé en main. Lui-même professeur associé à l’INRS, il collabore depuis 2012 avec des équipes scientifiques de l’INRS, dont le professeur honoraire Michel Malo, dont l’expertise en géologie structurale se concentre particulièrement sur les Appalaches, le professeur Jasmin Raymond, expert en géothermie, et la professeure Geneviève Bordeleau, reconnue pour ses travaux en géochimie isotopique.
Pour Stephan, la suite naturelle consiste à poursuivre ses travaux au carrefour de l’exploration et de la recherche scientifique. Du secteur universitaire, il apprécie la rigueur intellectuelle, l’intégrité, le souci du détail et la structuration de la démarche, des aspects qui continuent à guider son travail et le choix de ses mandats.
Il conseille aux étudiantes et étudiants de rester humbles : « quand on finit une maitrise ou un doctorat, on maitrise un sujet, mais on ne connaît pas tout. Il faut être sûr de soi, mais retenir qu’on a surtout appris à apprendre. C’est cette posture qui nous permettra de résoudre des problèmes complexes et d’éviter les solutions de facilité », estime-t-il.
Il insiste par ailleurs sur la qualité : « Dans mon travail, je me réfère parfois à des rapports d’études préparés il y a 40 ou 60 ans, et dont les résultats sont toujours valides et utiles. Si les données sont solides et que la recherche est bien faite, elle servira aux générations à venir. Il ne faut pas sous-estimer les traces qu’on laisse comme scientifique », ajoute-t-il. C’est pourquoi il encourage les finissantes et finissants à publier les résultats de leurs travaux de maitrise et de doctorat : « c’est notre responsabilité de partager nos connaissances », conclut-il.
[Propos recueillis en juin 2024.]