Vincent Laderriere
Doctorat en sciences de l’eau, 2022
Chercheur en écologie des sols, Centre national de recherche scientifique
« Il faut profiter de ce que j’appelle le droit à l’errance. Étudier est une chance. Plus encore dans un environnement comme l’INRS où beaucoup de disciplines scientifiques se côtoient. »
C’est dans le cadre de ses études en écophysiologie et écotoxicologie à l’Université Pierre et Marie Curie (Sorbonne Université) que Vincent Laderriere réalise deux stages à l’INRS dans l’équipe du professeur Claude Fortin au Centre Eau Terre Environnement. Vincent est rapidement séduit par l’approche multidisciplinaire de l’INRS et prend la décision de continuer à cheminer dans le monde de la recherche sous la supervision du professeur Fortin. Ce dernier lui offre la possibilité d’un passage accéléré au doctorat qui lui permettra d’approfondir substantiellement ses travaux de recherche et de tisser des collaborations académiques aussi bien locales qu’internationales. Celles-ci l’ont même mené à travailler en Arctique et dans le Nunavik.
La philosophie transdisciplinaire de l’INRS, encouragée au Centre Eau Terre Environnement, a immédiatement plu à Vincent. « C’est une petite université. Cela peut être perçu comme une faiblesse pour certaines personnes, mais pour moi, c’est une force. On y croise tous les jours des scientifiques et des gens qui travaillent dans des domaines qui ne sont pas nécessairement les nôtres, au détour d’un couloir ou d’une aire commune. Et cela en fait un terrain extrêmement fertile pour se bâtir une culture scientifique et susciter des intérêts personnels pour sa vie ou sa future carrière. Des intérêts qui ne sont pas forcément les mêmes que ceux pour lesquels on est venu initialement à l’INRS. » Vincent travaillait lui-même sur la biogéochimie des métaux lorsqu’il a eu l’occasion, grâce à des échanges avec d’autres chercheurs, de travailler sur des sujets comme l’écologie microbienne, la fonte du pergélisol et les dégagements de gaz à effets de serre à la station de recherche de l’île Bylot, au Nunavut. « Ces séjours m’ont permis de graviter et de travailler sur des choses qui n’étaient pas nécessairement en lien avec mon projet de recherche, mais qui m’ont construit comme scientifique en me faisant vivre des moments inoubliables. Je me considère extrêmement chanceux. »
Vincent garde également un excellent souvenir des pauses-midis qui se déroulaient dans l’aire commune du Centre Eau Terre Environnement, où la majorité des étudiantes et étudiants, tout comme les membres du personnel, se réunissent à l’heure du midi. Ça crée une ambiance unique et conviviale selon lui. « On vit vraiment avec les gens. J’étais très bien là-bas. »
Pour ce qui est de son expérience à l’INRS, Vincent ajoute : « j’étais en sciences de l’eau et je travaillais en chimie de l’environnement et j’ai eu l’occasion d’aller dans des milieux extrêmes, si on peut dire, à l’abri des activités humaines, ainsi que dans des lieux très fortement impactés et vraiment mis sous pression par les activités humaines. La leçon que j’en retiens est que dans l’environnement, il n’y a rien de figé et tout est lié. Il faut développer une approche holistique. Chaque détail peut être important et c’est un véritable jeu de piste. Forcément, les réponses des recherches du travail de terrain ne sont pas aussi claires que les résultats obtenus dans un laboratoire. Cela force à tout prendre en compte et d’essayer de jouer avec les paramètres de façon plus globale. Jamais rien n’est aussi clair ou simple que ce que l’on croit. Par le jeu des interdépendances, on arrive à pouvoir tirer des conclusions. Tout dépend de tout. »
Vincent est actuellement chercheur en écologie des sols au Centre national de recherche scientifique (CNRS) en France, une institution de recherche prestigieuse et reconnue pour l’excellence de ses travaux scientifiques. Ses travaux, menés en collaboration avec l’Université de Lorraine, portent sur la santé des sols plus ou moins contaminés aux métaux en s’intéressant aux communautés de bactéries et d’invertébrés des sols. « Je relie cela aux fonctions qui sont nécessaires pour que l’écosystème fonctionne correctement. Le but ultime du projet serait la création d’un outil diagnostique écologique des sols qui nous permettra de mesurer si l’écosystème a ses fonctions perturbées par les activités humaines dans toutes sortes de contextes. »
Les souhaits et aspirations de Vincent consistent à continuer à contribuer à l’avancement des nouvelles connaissances. Il termine notre entretien avec ce conseil : « Il faut profiter de ce que j’appelle le droit à l’errance. Étudier est une chance. Plus encore dans un environnement comme l’INRS où beaucoup de disciplines scientifiques se côtoient. La recherche se fait parfois trop en silo. Les études sont une occasion incroyable de se montrer curieux sur des concepts, des disciplines et des personnes. Rien n’est encore écrit. Et si je compare à mon parcours, je suis un microbiologiste qui a finalement obtenu un doctorat sur la biogéochimie des métaux. Et pourquoi pas? Il faut rester ouvert aux occasions qui s’ouvrent spontanément à vous au cours de vos études supérieures et peut-être même plus, à celles qui dépassent le champ de vos études disciplinaires, car ces opportunités ouvrent des portes à d’autres sphères. J’espère poursuivre dans la continuité de ce que j’ai déjà appris à l’INRS. Je continue de travailler pour le long terme. Pour l’avenir et pour la connaissance de nos écosystèmes. La vie sauvage a de moins en moins de place et il faut la préserver. Je veux faire partie des scientifiques qui savent dire ce qu’ils pensent pour aller dans le bon sens. »
[Propos recueillis en mars 2023.]