Eric Irissou

 

« L’INRS, consacré exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs et favorisant les approches multidisciplinaires, m’a offert un cadre unique permettant de développer connaissances et habiletés variées qui se sont avérées essentielles pour ma progression de carrière au CNRC. »

 

Eric Irissou
M. Sc. Sciences de l’énergie et des matériaux, 2000
Ph. D. Sciences de l’énergie et des matériaux, 2005

Chef d’équipe, Projection thermique
Agent de recherche senior
Conseil national de recherches Canada


Pourquoi avez-vous choisi d’étudier à l’INRS? 

J’ai entendu parler de l’INRS pour la première fois lorsque j’étais étudiant au baccalauréat en physique à l’Université Laval. Deux étudiants du centre Énergie et Matériaux sont venus faire une présentation dans mon département afin de recruter de nouveaux étudiants. J’ai été séduit par les sujets de recherche qui m’ont été présentés de par leurs aspects pluridisciplinaires et leur finalité qui touchait des enjeux nationaux. S’en est suivie une occasion de visiter le centre. Ce fut un choc de découvrir ces laboratoires d’envergure et à la fine pointe et j’ai été très agréablement surpris de la disponibilité des professeurs qui ont pris le temps de faire visiter leurs laboratoires et d’expliquer leurs projets de recherche avec passion et générosité.

C’est à ce moment que j’ai rencontré mon futur directeur de maîtrise et de doctorat, Daniel Guay, qui m’a offert un stage d’été dans le domaine des matériaux nanostructurés pour l’électrocatalyse, un projet en partenariat avec le centre de recherche d’Hydro-Québec, l’IREQ. La confiance que Daniel m’a accordée m’a amené à opérer par moi-même plusieurs équipements de caractérisation et à effectuer des expériences électrochimiques. Il m’a littéralement plongé dans le projet de recherche au même titre que ses étudiants aux cycles supérieurs.

C’est indéniablement ce stage qui a révélé mon grand intérêt pour la recherche et, du même coup, pour les sciences des matériaux. De plus, d’autres expériences en recherche, notamment lors d’une année d’échange en France, m’ont permis d’apprécier davantage le concept de l’INRS qui se concentre sur la recherche, un contexte unique qui fusionne ce que nous retrouvons en entreprise et à l’université, le meilleur des deux mondes, je dirais.

Que retenez-vous de votre expérience à l’INRS?

Le financement de la recherche est un aspect prépondérant dans la qualité et l’impact de celle-ci. Grâce au fait que l’INRS soit la première université au Canada pour son intensité en recherche, les professeurs ont les ressources pour mener des recherches de classe mondiale et on y retrouve des laboratoires et équipements de recherches qui se comparent très bien aux meilleures universités, mais dont l’accès est facilité par un nombre d’utilisateurs plus limité. De plus, le concept de centre de recherche et de formation aux 2et 3e cycles assure aussi une plus grande disponibilité du corps professoral pour encadrer et guider les étudiants dans leurs projets de recherche. Je retiens en outre les nombreuses interactions qui m’ont permis d’étendre ma recherche à d’autres horizons scientifiques et de la bonifier grâce à la rétroaction reçue par plusieurs professeurs. Je retiens aussi la qualité des techniciens dédiés et enthousiastes qui ont joué un rôle essentiel dans la réalisation de certaines de mes expériences clés.

Avez-vous un souvenir préféré du campus? 

Une caractéristique du Centre Énergie Matériaux Télécommunications qui a contribué indéniablement à la qualité de mon passage à l’INRS est l’ensemble des activités sociales et sportives organisées tant par les employés que par les étudiants et l’intégration de tous dans celles-ci. Il s’en est dégagé un véritable esprit de camaraderie, d’entraide et de soutien à tous niveaux, non seulement entre étudiants, mais également avec les professeurs, techniciens et le personnel administratif, tous passionnés par la recherche, curieux du travail des autres, et toujours prêt à y contribuer. 

Quelle est la leçon la plus importante que vous retenez de votre passage à l’INRS

La thèse, c’est un projet de recherche de longue durée pour lequel on se consacre entièrement, il y a peu ou pas d’équivalent sur le marché du travail, même dans le contexte d’une carrière en recherche. Postdoctorants, professeurs, chercheurs en milieu industriel ou, comme moi, dans un laboratoire national, sommes appelés à travailler sur de nombreux projets en parallèle, à superviser des activités de recherche, d’en assurer le financement, à présenter nos capacités de recherche et à établir des collaborations entre autres activités. La dynamique à l’INRS favorise les échanges d’idées, la collaboration et la coopération dans un contexte pluridisciplinaire. Cette dynamique éloigne naturellement du travail en vase clôt souvent observé lors de la thèse et ainsi bonifie significativement la qualité de notre projet de recherche, favorise le développement des réflexes de résolution de problème en équipe et du même coup, permet de contribuer aux projets des autres. Cette dynamique est fortement formatrice et prépare bien à la carrière dans le milieu de la recherche.

Parlez-nous de votre parcours depuis l’obtention de votre diplôme?

À la fin de mon doctorat, j’ai obtenu une bourse postdoctorale me permettant de poursuivre des travaux de recherches aux Colleges of Nanoscale Science And Engineering au sein du tout nouveau complexe Albany NanoTech. Quelques mois plus tard, toutefois, une ouverture s’est créée et j’ai joint les rangs du Conseil national de recherches Canada (CNRC) à Boucherville, anciennement l’Institut des matériaux industriels, à titre de chercheur dont les projets découleraient d’une nouvelle installation en projection à froid. Ainsi, entre 2006 et 2013, j’ai consacré une large part de mon travail à la réalisation de travaux de recherche et développement (R-D) financés par l’industrie, dont certains ont favorisé la commercialisation de nouveaux produits ou de solutions technologiques.

Depuis 2013, je coordonne, à titre de chef d’équipe, les activités en projection thermique du CNRC, une équipe composée d’onze chercheurs et de neuf techniciens. Ce poste m’a amené à jouer un rôle plus stratégique, tant au sein du CNRC que dans la communauté scientifique, en dirigeant notamment des projets multipartenaires tels que le celui du groupe de R-D industriel sur la fabrication additive par projection à froid ou en participant à des comités internationaux et à l’organisation de conférences

Comment votre passage à l’INRS vous a-t-il préparé pour votre carrière?

Outre, bien sûr, les connaissances scientifiques et techniques acquises, les habilités générales à mener des travaux de recherche que j’ai pu développer grâce, notamment, au fort engagement de mon directeur à cet égard, ont été déterminantes pour ma carrière au CNRC. De plus, mon passage à l’INRS m’a bien préparé au niveau du travail d’équipe avec les techniciens et collaboratif avec des collègues étudiants et lors de ma maîtrise, au travail avec des clients issus de l’industrie.

Quels conseils aimeriez-vous donner aux étudiantes et étudiants actuels?

Une maîtrise ou une thèse, ce n’est pas un sprint, c’est plutôt un marathon. C’est un processus qui vous amène à développer non seulement des connaissances, mais avant tout des habilités que vous n’auriez pas le temps de développer à ce niveau dans un milieu de travail et qui seront gage de votre succès futur. Le diplôme n’est donc pas une finalité, c’est un tremplin dont l’amplitude sera proportionnelle à vos efforts et à la résilience que vous aurez démontrés au cours de votre projet de recherche.

Ainsi, vivez votre projet avec passion, explorer différentes voies, faites des erreurs, lisez beaucoup sur votre domaine, mais aussi élargissez vos horizons, intéressez-vous aux projets des autres, saisissez les opportunités de faire des stages à l’étranger et hors du milieu universitaire et celles de présenter vos travaux, et surtout, entourez-vous, consultez, cherchez conseil à tout niveau, car aujourd’hui, la recherche est affaire de coopération.

En fait, la R-D est un continuum et peu importe où vous vous y trouverez, que ce soit au niveau de la recherche fondamentale ou du développement de produit commercial, vous aurez intérêt à connaître ce qui se fait avant vous et après vous dans votre domaine et à comprendre tant les enjeux de l’écosystème dans lequel vous évoluez que ceux sur lesquels les autres intervenants scientifiques concentrent leurs efforts.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir?

Les défis auxquels nous faisons face collectivement, comme les changements climatiques et autres enjeux environnementaux, la croissance de la population et les besoins en approvisionnement alimentaire croissants, les nouvelles maladies contagieuses comme la pandémie du SARS-CoV-2, sont sans précédent. Les scientifiques ont sonné l’alarme, ils et elles ont apporté une compréhension profonde de la situation et ont commencé à développer des solutions technologiques. Intensifier nos efforts en recherche, en science et en technologie ciblés sur ces questions est sans doute la seule avenue viable pour poursuivre notre mode de vie. Cela dit, ces problèmes sont globaux et une action globale concertée et d’ampleur inégalée dans l’histoire est nécessaire et passera donc avant tout par les politiques et leurs habilités à convaincre nos sociétés de s’allier contre ses menaces et à leurs populations d’appuyer les transformations qui seront nécessaires. Je souhaite donc pour l’avenir que cette action mondiale se réalise permettant aux contributeurs de la recherche scientifique de vivre une nouvelle ère optimiste et valorisante.

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