Véronique Dubos

« Recevoir ce prix est une marque de reconnaissance que mon travail va dans le bon sens. Je suis reconnaissante et honorée de cette distinction car j’ai travaillé avec persévérance et passion. Ça m’encourage à poursuivre mes recherches en milieu nordique et à continuer de mettre en commun les savoirs scientifiques et inuits. »

Véronique Dubos
Doctorat en sciences de l'eau, 2023
Centre Eau Terre Environnement 
Direction : André Saint-Hilaire


La soutenance de thèse de Véronique Dubos : « Caractérisation et modélisation de l’habitat de l’omble chevalier anadrome (salvelinus alpinus) en eau douce, à partir des savoirs traditionnels inuits et des méthodes scientifiques »

La recherche de Véronique a porté sur l'omble chevalier, un poisson d'une grande importance culturelle, économique et sociale au Nunavik. Son travail de caractérisation et de modélisation de l'habitat de l'omble chevalier a été réalisé en interreliant à la fois la science et les savoirs tradionnels Inuits.

Les résultats de sa thèse ont été présentés lors de conférences nationales et internationales dont Arcticnet, The Ecological Society of America, l'Association canadienne des ressources hydriques ou encore la Inuit Studies Conference. Véronqie a également été invitée à participer à un atelier au Forum Mondial sur la Biodiversité en Suisse pour son travail collaboratif avec les communautés inuites. Ses résultats ont mené à quatre articles publiés dans des revues internationales avec comité de lecture.

 

 

Qu'est-ce qui vous a amenée à l’INRS et que retirez-vous de votre expérience?

Malgré une carrière bien entamée en génie conseil en hydraulique des rivières et en hydrologie, j’avais toujours en tête de retourner à l’université pour faire un doctorat et faire de la recherche. Je me suis tournée naturellement vers l’INRS parce que j’avais adoré mon expérience de maitrise. L’ambiance de l’INRS est conviviale et stimulante. Je connaissais aussi les qualités académiques et humaines de mon directeur de recherche, André St-Hilaire, qui a été encourageant et m’a laissé beaucoup de liberté dans mon travail.

Mon doctorat a été une des expériences les plus enrichissantes de ma vie, particulièrement grâce à mon expérience du nord qui a été très forte. J’ai beaucoup appris scientifiquement et humainement.  

Pouvez-vous décrire l’enjeu et l’impact de la recherche présentée dans votre thèse doctorale?

La pêche à l’omble chevalier contribue significativement à la sécurité alimentaire, au bien-être et à la culture des populations Inuit mais les stocks de ce poisson diminuent à plusieurs endroits. Il faut dire que c’est un poisson d’eau froide, peu tolérant au réchauffement de l’eau, et donc vulnérable aux changements climatiques mais que les habitats qu’il utilise étaient méconnus.

Dans ma thèse, pour prédire la qualité des habitats de reproduction, j’ai développé le premier modèle de logique floue, bâti uniquement à partir des savoirs traditionnels Inuits. J’ai également pu mettre en évidence les préférences d’habitat des alevins (jeunes de l’année), le stade le plus vulnérable aux changements climatiques. Ces résultats ont des impacts sur la conservation de l’espèce. 

La prise en compte des savoirs traditionnels Inuits, qualitatifs, dans un travail en sciences naturelles comportant des modèles d’habitats quantitatifs n’était pas conventionnelle. Elle a cependant permis d’enrichir la compréhension de la biologie de l’espèce et permis de suivre une démarche de recherche en milieu autochtone éthique et respectueuse. La thèse documente également les échanges avec les communautés partenaires et la mobilisation des connaissances réalisées. C’était un aspect important pour la réciprocité des relations en contexte autochtone. Le fait de documenter ces étapes permet de montrer à d’autres étudiant.e.s et à leurs superviseur.e.s l’importance de ces démarches qui demandent un investissement supplémentaire.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix?

Recevoir ce prix est une marque de reconnaissance que mon travail va dans le bon sens. Je suis reconnaissante et honorée de cette distinction car j’ai travaillé avec persévérance et passion. Ça m’encourage à poursuivre mes recherches en milieu nordique et à continuer de mettre en commun les savoirs scientifiques et inuits.

Quel est le prochain chapitre pour vous maintenant que vous avez obtenu votre diplôme ?

J’effectue présentement un stage postdoctoral à l’université Laval, toujours en habitat de poissons arctiques, dont l’omble chevalier, mais cette fois-ci au Nunavut. J’utilise la télémétrie acoustique qui permet de voir les positions des poissons en continue et je travaille en partenariat la communauté locale de Cambridge Bay. Je ne me vois pas faire autre chose que de la recherche dans ce domaine.