Maxime Rivard

Maxime Rivard
Doctorat en sciences de l’énergie et des matériaux (2016)
Chercheur, CNRC

« Le bac m’a donné des bases théoriques, mais c’est à l’INRS que j’ai appris à identifier moi-même les prochaines étapes d’un projet de recherche, à construire une histoire autour de la science qu’on fait. »

De la fabrication de nanoparticules à la mesure de signaux optiques novateurs, en passant par la collaboration avec de grands centres de recherche, Maxime Rivard a façonné un parcours scientifique marqué par la rigueur et l’intuition. Il a su transformer un projet en développement en une avancée importante dans le domaine de la microscopie optique non-linéaire, avant de poursuivre sa carrière au CNRC, où il conjugue recherche fondamentale et innovation appliquée.

Son projet de maîtrise, mené sous la codirection des professeurs My Ali El Khakani et François Légaré, portait sur la fabrication de nanoparticules métalliques capables de soutenir des plasmons de surface, ces oscillations localisées du champ électrique à la surface des métaux. L’objectif était d’utiliser l’amplification du champ électrique associée aux plasmons pour renforcer le signal en microscopie optique non-linéaire, une technique qui profite particulièrement des phénomènes de champ amplifié, les signaux étant proportionnels au carré ou au cube du champ électrique. Le laboratoire du professeur El Khakani apportait l’expertise en fabrication de nanoparticules, tandis que celui du professeur Légaré se spécialisait en microscopie optique non-linéaire.

Rapidement, le projet a pris une nouvelle tournure. Bien que Maxime ait réussi à fabriquer les nanoparticules métalliques, leurs propriétés ne permettaient pas d’amplifier suffisamment le champ électrique pour les applications prévues en microscopie. Toutefois, en travaillant avec François Légaré, une nouvelle idée a émergé : explorer la phase du signal généré en microscopie optique non-linéaire, une dimension peu étudiée jusque-là, mais potentiellement riche en informations. Ce virage inattendu a marqué le début de son doctorat.

« On s’est rendu compte que la phase du signal pouvait contenir de l’information sur l’orientation des molécules dans les tissus. C’était nouveau et pas vraiment exploré à l’époque », explique-t-il. Malgré les défis techniques, Maxime et son équipe sont parvenus à mesurer cette phase et à la relier à l’orientation moléculaire dans les images obtenues. Les résultats, obtenus entre la fin de 2012 et le début de 2013, ont été présentés dans plus de six conférences au cours de la même année.

Ce projet a non seulement été une réussite, mais a aussi ouvert la voie à toute une lignée de travaux subséquents. Plusieurs chercheurs ont repris le flambeau après lui en perfectionnant la technique, en réduisant le temps de capture d’image d’un facteur de 10 000 et en améliorant le signal d’un facteur 100. « C’est une des choses dont je suis le plus fier. Voir mon travail servir à d’autres et être poussé plus loin, c’est extrêmement valorisant », confie-t-il.

Parallèlement à ses travaux de recherche, Maxime a aussi su profiter de l’ambiance collaborative du Centre Énergie Matériaux Télécommunications à Varennes. Il garde en mémoire les barbecues estivaux, les discussions spontanées à la cafétéria, ou encore ces soirées où les expériences se poursuivaient tard dans les laboratoires. « C’est un centre assez petit, donc on finit par connaître tout le monde. C’est un environnement très humain, très agréable », se souvient-il.

Depuis 2016, Maxime poursuit sa carrière comme chercheur au Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Il travaille sur une grande variété de projets, employant principalement la technologie d’imagerie par Tomographie en Cohérence Optique, allant de collaborations industrielles avec des entreprises comme Fives Lund, Rolls-Royce Canada, AV&R à des projets gouvernementaux ou universitaires, notamment avec des chercheurs de Polytechnique.

Il explique que son passage à l’INRS lui a permis de devenir un chercheur autonome. « Le bac m’a donné des bases théoriques, mais c’est à l’INRS que j’ai appris à identifier moi-même les prochaines étapes d’un projet de recherche, à construire une histoire autour de la science qu’on fait », dit-il. Cette capacité à bâtir un projet cohérent, à raconter une recherche de sa conception jusqu’à ses résultats, est au cœur de son travail aujourd’hui, que ce soit pour monter une demande de subvention, obtenir l’approbation d’un projet ou en faire la diffusion.

À celles et ceux qui suivent ses traces, Maxime conseille de bien magasiner le projet et la personne avec qui on veut travailler. Et pour l’avenir? Il espère voir son équipe s’agrandir, continuer à travailler sur des projets pertinents, et trouver un peu de temps pour faire avancer ses propres idées de recherche plus fondamentale. « Souvent, on a une technologie qui fonctionne et on fonce dans l’application. Mais moi, j’aimerais aussi prendre le temps d’améliorer cette technologie, de la pousser plus loin. »

[Propos recueillis en mars 2025.]

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