Jean Philippe Chenel
Maîtrise (2005) et doctorat (2011) en sciences de l’eau
Directeur à l’innovation, Consortium de recherche et d’innovation en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ)
« À l’INRS, les étudiants font leurs recherches eux-mêmes. On utilise les outils du laboratoire, on fait nos propres manipulations. On comprend mieux et on apprend tellement plus. »
D’un tempérament curieux, Jean Philippe Chenel aime comprendre comment tout fonctionne. C’est ce qui l’a amené à déployer et à gérer certaines des plus importantes infrastructures d’innovation en fermentation et en électronique au cœur du développement économique de la région de Trois-Rivières. Sa curiosité a par ailleurs été abondamment nourrie lors de ses études en sciences de l’eau à l’INRS.
Malgré que ses classes au baccalauréat en biologie à l’Université de Montréal comptaient près de 200 étudiants, Jean Philippe Chenel y a suivi un cours en microbiologie environnementale qui a piqué son intérêt pour le rôle des bactéries dans l’environnement. Plusieurs de ses amis ont poursuivi leurs études en biologie et en écotoxicologie plus particulièrement, dont deux qui lui ont suggéré d’explorer les programmes de l’INRS. C’est un étudiant, maintenant diplômé et professeur à l’UQTR et membre de l’Unité mixte de recherche INRS-UQTR sur les matériaux et les technologies pour la transition énergétique, Simon Barnabé, qui lui a fait visiter les installations du Centre Eau Terre Environnement à Québec et qui l’a convaincu d’y entreprendre une maîtrise en sciences de l’eau dans le laboratoire du professeur Rajeshwar Dayal Tyagi.
Même s’il juge que son parcours doctoral a ensuite été « une épreuve », Jean Philippe a beaucoup appris sur le travail de chercheur et son sujet, la production de protéases thermostables dans les boues d’épuration afin d’explorer leur valorisation en bioproduits, l’a passionné. « C’était un domaine carrément avant-gardiste au Québec. Les recherches de toute l’équipe d’étudiants ont posé les jalons pour toutes les avancées significatives survenues au cours des 15 dernières années et qui permettent aujourd’hui à des entreprises de prospérer. »
Il a apprécié ses interactions avec Jean-François Blais, qui a développé une expertise en bioremédiation, aussi un ancien étudiant du laboratoire du professeur Tyagi. Il s’est aussi investi dans la vie étudiante, notamment en présidant l’association étudiante, puis en siégeant au conseil d’administration de l’INRS comme représentant étudiant. Il a par ailleurs participé à créer la Fédération des étudiants de l’INRS, qui regroupe les associations des quatre centres de recherche et de formation. Il y a contribué à l’amélioration des conditions de la communauté étudiante, notamment en mettant en place une couverture d’assurance collective.
De son propre avis, ces engagements étaient contre-nature et le sortaient de sa zone de confort : « j’étais un jeune assez renfermé à ce moment-là. C’est un autre étudiant qui a soumis ma candidature pour représenter les étudiants à la maitrise en sciences de l’eau. J’ai développé plusieurs compétences en faisant ça et ça m’a donné le goût de m’impliquer encore plus, » dit-il. « C’est en quelque sorte cette expérience qui me permet de siéger sur le CA de l’UQTR aujourd’hui », ajoute-t-il.
Il retient particulièrement de son parcours à l’INRS la proximité avec les différents membres de la communauté : « c’était beaucoup plus facile d’interagir avec les profs qu’à l’Université de Montréal. On se croise dans les corridors, on peut leur poser des questions, on voit qu’ils sont heureux d’échanger, c’est tout le contraire d’une tour d’ivoire, » résume-t-il. « J’ai beaucoup appris. Bien que mes prises de position, comme représentant des étudiants ou président de l’association étudiante, n’étaient pas toujours en phase avec celles du directeur du centre, Jean-Pierre Villeneuve, il était toujours là pour me donner un coup de main et m’aider à faire progresser mes dossiers. » souligne-t-il. « J’ai toujours eu une très bonne relation avec lui », souligne-t-il.
Il a aussi appris les rouages d’une grande infrastructure de recherche en évoluant dans l’entourage du Laboratoire de biotechnologies environnementales. « Dans un établissement de petite taille comme l’INRS, les étudiants font leurs recherches eux-mêmes. On utilise les outils du laboratoire, on fait nos propres manipulations. On comprend mieux et on apprend tellement plus en faisant tout soi-même », dit-il. Il estime que cela lui a aussi permis de bien connaître comment opèrent de telles infrastructures : « j’ai appris à opérer les fermenteurs, les comprendre, les réparer... Ces connaissances fines des opérations et du fonctionnement d’une unité de fermenteurs (bioréacteurs), qui allaient au-delà de mes tâches comme étudiant, ont tracé la voie de la suite de ma carrière », souligne-t-il. Au sortir de l’INRS, il passe une décennie comme Directeur du Technocentre et conseiller en biosécurité chez Innovation et Développement économique Trois-Rivières où il est responsable de la mise sur pied et dirige les opérations d’une nouvelle unité technologique mise à la disposition de diverses entreprises.
Lui qui ne se voyait pas devenir professeur d’université est heureux d’avoir choisi la voie de l’entreprise privée, tout en s’appuyant au quotidien sur sa connaissance de la recherche et son expertise sur les bioprocédés et biotechnologies pour favoriser l’innovation et les maillages entre l’industrie, les universités et les centres collégiaux de transfert de technologie. Au CRIBIQ, il est d’ailleurs responsable de tout le volet bioprocédés et environnement. Bien qu’un peu en retrait de la recherche, il est dans son élément en cherchant à rapprocher entreprises et chercheurs.
Avec le recul, il conseille aux étudiantes et étudiants de l’INRS, d’être fiers des connaissances hors du commun qu’ils ont acquises au long de leur parcours : « vous êtes les meilleurs au monde sur le sujet qui a fait l’objet de votre projet de recherche. Soyez en confiance, sachez bien expliquer votre contribution et les habiletés que cette expérience vous a permis de développer », insiste-t-il. Il les encourage par ailleurs à profiter pleinement de la vie universitaire et à s’engager dans les activités, dans l’association étudiante et à participer aux divers événements : « c’est ce qui m’a permis de rencontrer des gens qui m’ont ouvert des portes. » Il conclut en soulignant : « l’INRS me tient toujours beaucoup à cœur, c’est une expérience qui m’a laissé un fort sentiment d’attachement ».
[Propos recueillis en septembre 2023.]