Sabin Boily

« Pour ma part, l’INRS, c’est bien sûr la rigueur et l’excellence de la science, mais c’est surtout l’impulsion qui nous force à nous dépasser, qui nous pousse vers l’avant pour nous mener plus loin encore.

Recevoir un Prix Lumières, c’est une reconnaissance du chemin parcouru certes, mais pour moi, également un rappel que ce que nous faisons compte, peut faire une différence et qu’il ne faut donc pas arrêter.

Quelle motivation j’y vois ! Merci du fond du cœur. »

Sabin Boily 
Maîtrise en sciences de l’énergie, 1990
Doctorat en sciences de l’énergie, 1994

Président, Groupe YDEE

Lauréat d’un Prix Lumières 2023 • catégorie Rayonnement


Pourquoi avez-vous choisi d’étudier à l’INRS? 

Mon intérêt pour l’INRS a débuté lors d’un stage d’été après ma seconde année de mon baccalauréat en génie physique à Polytechnique Montréal. J’avais obtenu une bourse CRSNG pour ce stage. Celui-ci m’a fait connaître l’INRS et y travailler durant tout l’été. Mais cela m’a surtout permis confirmer que ce serait dans ce type de milieu fort stimulant que je voulais faire de la recherche, car je savais que j’adorerais en faire, d’aussi loin que je me souvienne.

Que retenez-vous de votre expérience à l’INRS?

Je retiens des amitiés sincères et durables (dont certaines perdurent encore aujourd’hui !), de longues heures de travail certes, mais par-dessus tout, la réelle satisfaction ressentie lorsque nous obtenions des résultats positifs et combien intéressants. Vous savez, pour vous faire sourire et pour mes collègues de mon temps, des résultats prévus par nos codes en Fortran qui se confirmaient sur le scope « analogique » ou sur l’écran du microscope électronique à balayage et que nous immortalisions sur pellicules Polaroid !

Avez-vous un souvenir préféré du campus? 

Pas seulement un, mais deux bons souvenirs : les discussions à ne plus finir en soirée sur tout et sur rien avec les copains à la petite salle qui faisait office de cafétéria et l’entraide des uns et des autres en cas de problème, peu importe le problème.

Quelle est la leçon la plus importante que vous retenez de votre passage à l’INRS? 

Les résultats viennent avec l’effort, le travail et le cœur que l’on y met. Hamid, mon directeur de thèse, est un excellent exemple à suivre sur ce point !

Parlez-nous de votre parcours depuis l’obtention de vos diplômes.

Mes études, mes apprentissages, mes diplômes, comme vous dites, m’ont apporté connaissance, méthode et rigueur. Depuis bientôt trente ans, celles-ci m’ont permis de faire des choix et ce sont ces choix, mes choix, qui ont défini et qui définissent encore le parcours qui se trace derrière moi, qui m’ouvrent de nouvelles voies qui se présentent devant moi.

Mon parcours en est donc un qui chevauche d’une part le besoin incessant d’avoir accès à de nouvelles connaissances, de nouvelles sciences, de nouvelles technologies et, d’autre part, la nécessité viscérale d’appliquer concrètement ces dernières pour définir, concevoir et rendre disponible, à ma façon, à la hauteur de mes capacités et de mes moyens, des initiatives novatrices et leurs retombées distinctives permettant, j’ose croire, un avenir meilleur à l’humanité.

Dans mon cas, mes motivations profondes touchent les énergies et les matériaux avancés en adéquation avec l’environnement en réponse à l’urgence climatique. Vous comprenez et voyez ici l’influence de l’INRS !  Je peux dire que mon parcours s’inscrit résolument dans l’approche « une seule santé ». Pour moi cette approche se définit comme la santé de l’environnement, celle de la faune et celle de la flore en vitalité « avec » l’humanité, et non pas « pour » l’humanité…

Comment votre passage à l’INRS vous a-t-il préparé pour votre carrière?

Cette question est fort intéressante et pertinente. N’est-ce pas Steve Job qui a dit « Ne soyez pas une carrière »? Et j’y ajouterais, car la vie n’est pas une carrière... Je vais répondre à votre question, si vous me le permettez, de manière plus large.

Lorsque j’étais jeune, je me suis souvent posé la question à savoir si je devais avoir un plan de carrière ou, dit autrement, qu’est-ce que la vie me réserverait et ferait de moi si je n’avais pas de plan de carrière défini dans les moindres détails. N’ayant pas de réponse toute faite et satisfaisante à souhait à cette question, somme toute existentielle à l’aube de ma vie d’adulte, je me suis donc dit à ce moment que le mieux serait pour moi d’avoir plusieurs cordes à mon arc et me garder toutes les portes ouvertes autant que possible du moins.

J’ai donc fait un cégep en sciences pures, un bac en génie physique au lieu de physique pure, et une maîtrise et un doctorat à l’INRS énergie et matériaux (comme on disait jadis !) pour terminer avec un postdoc en nanomatériaux. L’INRS, comme les autres maisons d’enseignement que j’ai fréquentées, m’a apporté connaissance, méthode et rigueur. Soyons juste, ce sont les professeur·es, les enseignant·es et les chercheur·es que j’ai côtoyé·es qui ont contribué et qui m’ont aidé à garnir mon coffre à outils des instruments qui me seraient fortement utiles pour que je puisse m’attaquer aux problèmes que la vie dresserait devant moi. Avec un tel coffre bien fourni et qui continue depuis à s’enrichir jour après jour, comme certains diraient, « pourquoi se servir d’un couteau quand on a déjà un tournevis ? ».

Quels conseils aimeriez-vous donner aux étudiantes et étudiants actuels?

Je me permettrai de sortir du cadre universitaire. Est-ce un conseil, je ne sais pas, je ne pense pas.  C’est plutôt un constat que l’on ne répète malheureusement pas assez souvent. Ma génération et celles qui m’ont précédé font résolument partie de la cause des changements climatiques. Aux « étudiants actuels » : vous êtes des citoyens d’aujourd’hui et nos décideurs de demain. Mon futur sera bien sûr le vôtre, mais pourrait-on convenir que rendu là, ce sera beaucoup plus votre présent que le mien. Pour ma part, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous ayez un futur, je dirais un futur viable. Mais vous, « étudiants actuels », vous qui garnissez aujourd’hui votre coffre avec vos outils, utilisez-les dès maintenant pour redéfinir la trajectoire qui assurera à tous ce futur viable. Votre futur, mon futur. Il est important selon moi de faire connaître votre voie, de faire entendre votre voix, maintenant comme demain, pour assurer ce demain.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir?

Un seul souhait pour l’avenir, exprimé d’une manière imagée et, fort simple : « tout faire ce qui est à ma portée pour être capable de léguer un bloc d’air pur à mes enfants, et un jour, à mes petits-enfants ».

Dit autrement, si je m’adressais à ceux de ma génération et celles qui m’ont précédé, je leur poserais simplement la question suivante : « pouvons-nous, par nos gestes, nos actions et nos décisions que nous posons aujourd’hui et que nous poserons demain, donner la chance à nos enfants de devenir vieux ? »

Voilà mon souhait…

Je vous remercie du fond du cœur.

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