Raphaëlle Ainsley-Vincent

 

« Je suis honorée et reconnaissante d’avoir reçu ce prix pour mon mémoire de maîtrise : il constitue pour moi une validation du travail, de la minutie et de la sensibilité que j'ai mis dans ce projet qui m'a habitée dans les dernières années. » 

Raphaëlle Ainsley-Vincent
Maîtrise en études urbaines, 2023
Centre Urbanisation Culture Société
Direction : Xavier Leloup


 

Raphaëlle Ainsley-Vincent s'est vue décerner la mention Excellent pour la qualité théorique, analytique et éthique de son mémoire « Parcours résidentiels de Siqinirmiut (Inuit vivant au Sud) à Montréal ».

Le jury a souligné l'apport notable des travaux de Raphaëlle d'un point de vue scientifique et social, ainsi que la richesse de sa revue de littérature et l'originalité de son mémoire articulé entre deux domaines d'études : les études autochtones et celles sur le logement.

À travers son mémoire, Raphaëlle était animée par la volonté de contribuer à une transformation sociale en s'arrimant aux besoins identifiés par les communautés, de manière respectueuse et rigoureuse.

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’INRS et que retenez-vous de votre expérience?

J'ai choisi l'INRS car je voulais réaliser une recherche qui parte des réalités vécues et qui réponde à un besoin communautaire. À l'INRS, j'ai fait l'expérience d'une université dont la taille permet un accompagnement personnalisé et de multiples opportunités de me développer en tant qu'étudiante-chercheure. J'ai eu la chance de prendre part à plusieurs projets et à quelques publications de ma co-directrice de maîtrise Stéphane Guimont Marceau, au sein de son équipe de recherche constituée de personnes brillantes et sensibles. 

Pouvez-vous nous décrire l’enjeu et l’impact de la recherche présentée dans votre mémoire de maitrise?

Dans le cadre de mon mémoire, je me suis intéressée aux parcours résidentiels des travailleur·se·s et des étudiant·e·s inuit à Montréal et aux enjeux de logement auxquels ils et elles peuvent être confrontés. 

À partir de récits partagés par 17 Inuits vivants à Montréal, mon mémoire propose un portrait exploratoire et qualitatif des parcours résidentiels des travailleur·se·s et des étudiant·e·s inuit dans la métropole. Alors que près du tiers de la population inuit réside aujourd’hui hors de l’Inuit Nunangat (Statistique Canada 2022) et qu’une importante population inuit est établie à Montréal, cette recherche élaborée en collaboration avec l’équipe de l’enquête Qanuikkat Siqinirmiut? visait à enrichir la compréhension des expériences et parcours résidentiels des Inuit dans la métropole et à documenter les obstacles et les défis spécifiques qu’illes rencontrent en matière de logement.

Cette recherche revêt une importance scientifique et sociale puisque si le logement est identifié tant comme un facteur de migration vers les centres urbains du Sud que comme un défi dans ceux-ci pour les Inuit, peu de recherches ont porté sur leurs conditions de logement dans les villes canadiennes méridionales. Or, comme le démontrent les témoignages analysés dans mon mémoire, les Inuit travaillant ou étudiant à Montréal peuvent vivre diverses formes d’insécurité résidentielle.

L’approche qualitative que j'ai privilégiée permet de replacer les expériences et les situations de logement des travailleur·se·s et des étudiant·e·s inuit dans des parcours de vie multiples et d’ainsi visibiliser les interrelations entre le logement et les différents aspects de la vie (emploi, études, migration, relations, etc.). Cette recherche met en lumière les relations qui influencent et façonnent le parcours résidentiel, les  tactiques utilisées pour se loger, ainsi que les conditions de logement vécues, permettant de restituer le continuum des parcours entre l’Inuit Nunangat et Montréal, tout en reconnaissant leur diversité.

Que signifie pour vous le fait de remporter ce prix?

Je suis honorée et reconnaissante d’avoir reçu ce prix pour mon mémoire de maîtrise : il constitue pour moi une validation du travail, de la minutie et de la sensibilité que j'ai mis dans ce projet qui m'a habitée dans les dernières années.

Mes remerciements vont évidemment aux membres de l’équipe du projet Qanuikkat Siqinirmiut? pour la confiance qu’illes m’ont accordée; les rencontres et les discussions à travers lesquelles ce mémoire s’est élaboré ont été précieuses.  « Nakurmiik marialuk » (merci beaucoup) également aux Inuit qui, dans le cadre de l’enquête Qanuikkat Siqinirmiut?, ont partagé les parcours qui forment le cœur de ce mémoire. 

Merci finalement à mon directeur Xavier et à ma co-directrice Stéphane pour leur accompagnement, leurs relectures et leurs encouragements. Merci aussi à cette constellation de personnes brillantes qui m'entourent, pour leur soutien inconditionnel.

Quel est le prochain chapitre pour vous, maintenant que vous obtenez votre diplôme?

En 2023, j’ai complété une formation en réalisation de films documentaires à l’École des métiers du cinéma et de la vidéo (ÉMCV) du Cégep de Rivière-du-Loup. Le cinéma documentaire m’apparaît comme un médium complémentaire à ma formation en sciences sociales, qui permet la transmission des connaissances, des réalités et des vécus à un public plus large. Dans le cadre de mon court-métrage de fin d’année intitulé Nutshimiumina (16 min.), j’ai collaboré avec Sylvie Basile, Yvette Bellefleur et Kathleen Mark, trois femmes innues de Ekuanitshit engagées dans un projet de préservation des petits fruits et de valorisation des pratiques culturelles qui y sont intimement liées, alors que les bouleversements climatiques rendent les cueillettes moins abondantes et menacent cette reconnexion avec le territoire. Ce court-métrage a été récipiendaire du Prix Paraloeil pour le meilleur court-métrage - cohorte 2023 de l’École des métiers du cinéma et de la vidéo du Cégep de Rivière-du-Loup et du Prix Kinomada au Festival du Film étudiant de Québec. 

Depuis l’automne dernier, je suis journaliste à la Radio communautaire de Tête-à-la-Baleine, une communauté francophone isolée de la Basse-Côte-Nord. Employée dans le cadre de l’Initiative de Journalisme local, un programme fédéral qui soutient la création d’un journalisme civique répondant aux besoins des communautés éloignées, je participe à la production d’un contenu journalistique local de qualité, mais aussi à la médiatisation plus large des enjeux territoriaux, sociaux, politiques et économiques qui découlent de l’isolement géographique et des particularités propres à cette région.