Le but de la recherche est de partager et de faire avancer la science. La publication d’articles dans les revues scientifiques et les échanges qui suivent les présentations orales dans des conférences sont déjà une belle récompense de tout le travail qui a été accompli et une preuve que notre travail est reconnu et utile. Recevoir un prix est comme la touche finale de ce grand tableau. Merci !
Marie-Ève Jean
Doctorat en sciences de l’eau, 2023
Centre Eau Terre Environnement
Direction : Sophie Duchesne
De nature curieuse et dynamique, Marie-Ève Jean a réalisé avec brio une thèse composée de quatre articles scientifiques de très haut niveau, tout en élevant eu deux enfants, en participant à divers comités, en enseignant deux charges de cours à l’Université Laval et en supervisant des stagiaires de 1er cycle. Bien avant la fin de son doctorat, Marie-Ève avait déjà laissé sa marque dans le domaine du contrôle des débordements et de la gestion des eaux pluviales. Ses résultats de recherche influencent déjà des ouvrages en gestion des eaux pluviales du Québec.
Qu'est-ce qui vous a amenée à l’INRS ? Que retirez-vous de votre expérience?
C’est un peu un concours de circonstances... J’avais toujours entendu parlé en bien des programmes d’études et de la recherche effectuée à l’INRS lorsque j'étais au baccalauréat (à en génie des eaux à l’Université Laval), mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y travailler comme stagiaire. Après mon bac, puis ma maîtrise à l’Université de l’Alberta, j’ai vu passé un contrat temporaire de recherche à l’INRS dans un domaine qui me semblait très intéressant (la gestion des eaux pluviales et des débordements d’eaux usées en milieu urbain) et je me disais que c’était parfait comme emploi de transition entre ma maîtrise et mon retour dans la ville de Québec avant de m’aligner vers ma « future » carrière.
Je ne savais pas exactement dans quel domaine je voulais travailler ni quel genre d’emploi m’intéresserait à ce moment et je me disais qu’un contrat de recherche de quelques mois serait l’occasion parfaite d’y réfléchir.
Finalement, lors de l’entrevue de sélection pour ce contrat, les deux professeures superviseures du projet (Sophie Duchesne de l’INRS et Geneviève Pelletier de l’Université Laval) m’ont annoncé que ce projet de recherche était en quelque sorte l’introduction à un doctorat sur le même sujet. Elles ont su me convaincre que c’était un beau projet de recherche et que je gagnerais à m’y investir « un peu » plus longtemps que de manière temporaire !
Pouvez-vous décrire l’enjeu et l’impact de la recherche présentée dans votre mémoire?
Mes travaux de recherche s’attardent aux pratiques de gestion durable des ressources en eau en milieu urbain. Plus particulièrement, mon projet de doctorat visait à répondre à la problématique des débordements de réseaux d’égout unitaires, c’est-à-dire les surverses d’eaux usées non traitées dans les cours d’eau récepteurs, qui sont associées à de graves problèmes environnementaux. Les travaux de recherche impliquaient l’intégration optimisée de solutions de contrôle à la source de l’eau pluviale (c'est-à-dire des solutions qui visent à capter l'eau pluviale le plus près possible de sa source de ruissellement) avec des solutions de contrôle en temps réel en réseau (c'est-à-dire l'application d'un contrôle intelligent du système d'égout se basant sur des mesures en temps réel de l'état du système). Les solutions de contrôle à la source incluent, par exemple, les infrastructures végétalisées ou perméables visant à faciliter l’infiltration et l’évaporation de l’eau pluviale plutôt que son ruissellement. D’un autre côté, les solutions de contrôle en temps réel consistent à appliquer un contrôle intelligent sur infrastructures dynamiques en réseau comme des vannes ou des postes de pompages basé sur des données mesurées en temps réel, afin de maximiser la capacité de rétention du réseau de drainage.
L’objectif principal de ma recherche était d’évaluer le potentiel d’application de l’optimisation intégrée de ces deux types de solutions, puis de déterminer les conditions d’application qui maximisent les performances de cette intégration en matière de réduction des débordements d’eaux usées. Ce projet se basait sur différents cas d’application réels et reposait sur la collaboration de municipalités, d’un partenaire privé en génie-conseil, de différentes institutions universitaires et gouvernementales. Les résultats ont permis d’orienter et de paver la voie vers la conception de solutions plus économiques, durables et innovantes pour réduire les débordements d’eaux usées.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix?
C’est une très belle reconnaissance. La recherche doctorale est évidemment un projet de longue haleine, qui demande de la persévérance, mais également le fruit de plusieurs belles collaborations qui, dans mon cas, perdurent encore aujourd’hui. Recevoir ce prix me rend fière, mais surtout reconnaissante d’avoir eu l’encadrement adéquat pour y arriver, grâce à ma directrice et mes co-directeurs de thèse, grâce aux personnes qui ont donné leurs avis techniques si précieux à différentes étapes du projet, grâce aux opportunités d’enrichissement personnel et professionnel qui se sont ajoutées au fil du temps, tout au long de mon parcours universitaire...
Bref, c’est un grand merci que j’ai envie de partager. Nous ne faisons pas de la recherche simplement pour écrire une thèse qui ramasserait la poussière sur la tablette d’une bibliothèque. Le but de la recherche est de partager et de faire avancer la science. La publication d’articles dans les revues scientifiques et les échanges qui suivent les présentations orales dans des conférences sont déjà une belle récompense de tout le travail qui a été accompli et une preuve que notre travail est reconnu et utile. Recevoir un prix est comme la touche finale de ce grand tableau. Merci !
Quel est le prochain chapitre pour vous maintenant que vous avez obtenu votre diplôme ?
En fait, je travaille déjà depuis plusieurs mois à la Ville de Québec comme ingénieure en planification de la fonctionnalité des infrastructures. Ce travail est une belle continuité de mon projet de recherche doctorale, puisque je contribue à améliorer le réseau d’égout de la ville de Québec pour réduire, justement, les débordements d’eaux usées et favoriser l’intégration de solutions de contrôle à la source et de contrôle en temps réel, mais également de coordonner le développement du territoire dans une perspective durable des infrastructures urbaines.
Ce travail demande une expertise technique, mais aussi un esprit d’analyse et une vision globale et collaborative, ce qui cadre parfaitement avec ma personnalité. En effet, il faut analyser différentes problématiques à l’échelle du territoire, développer de nouveaux outils, chercher des solutions innovantes aux enjeux de gestion des eaux usées et pluviales, tenir compte de l’impact attendu des changements climatiques, etc.
Par exemple, dans le cadre de mon travail, j’ai la chance de collaborer sur deux projets de recherche avec l’INRS, soit un qui implique ma directrice de thèse doctorale, Professeure Sophie Duchesne, et un autre mené par mon évaluateur de thèse, le professeur Alain Mailhot. Je suis donc très contente d’avoir ce poste aujourd’hui qui me permet d’appliquer mes connaissances et d’en développer de nouvelles tout en ayant un impact concret sur mon environnement immédiat.
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