Caroline Marcoux-Gendron

« Il s’agit d’une marque de reconnaissance qui me touche beaucoup, sachant que le saut en études urbaines était au départ plutôt ambitieux pour moi qui suis issue de la musicologie et de l’ethnomusicologie. J’y vois aussi un encouragement à poursuivre mes travaux dans une approche interdisciplinaire, en faisant dialoguer la sociologie de la culture et les études migratoires. »

Caroline Marcoux-Gendron
Doctorat en études urbaines, 2021
Centre Urbanisation Culture Société
Direction : Guy Bellavance


Les travaux  de Caroline Marcoux-Gendron traitent de la musique comme vecteur de socialisation chez des personnes immigrantes en contexte urbain. Plus précisément, ce projet de recherche porte sur la manière dont le rapport à la musique de personnes nées au Maghreb et vivant à Montréal alimente leur rapport au monde social au fil de leur parcours de vie et constitue ainsi une contribution originale sur les plans tant scientifique que social. Elle fournit ainsi des pistes de réflexion pour les institutions et organismes culturels qui cherchent de plus en plus à agir en regard des enjeux relatifs à la diversité culturelle. 

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’INRS ? Que retenez-vous de votre expérience ?

D’abord, je souhaitais travailler avec le sociologue de la culture Guy Bellavance, qui a été mon directeur. Et puis, très peu de départements universitaires rassemblent, comme le fait le Centre Urbanisation Culture Société, à la fois des spécialistes des questions culturelles et migratoires, lesquelles sont au cœur de ma thèse de doctorat. Il y avait ainsi à l’INRS un ensemble de ressources dont j’ai pu bénéficier et profiter au maximum, en m’impliquant par exemple tant dans les Midis de l’immigration, où j’ai eu la chance de présenter deux fois mes travaux pendant mon doctorat, que dans les activités de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture avec sa série de Midis-conférences. Bref, l’INRS m’a offert de nombreuses occasions de me développer comme jeune chercheuse.

Pouvez-vous nous décrire l’enjeu et l’impact de la recherche présentée dans votre thèse doctorale ?

Ma thèse traite de la musique comme vecteur de socialisation chez des personnes immigrantes en contexte urbain. Plus précisément, elle porte sur la manière dont le rapport à la musique de personnes nées au Maghreb et vivant à Montréal alimente leur rapport au monde social au fil de leur parcours de vie. 

C’est une thèse qui rallie les thématiques de la culture et de l’immigration qui sont au cœur des études urbaines, mais qui n’interagissent que rarement de manière aussi franche. Elle constitue ainsi une contribution originale tant sur les plans scientifique que social. D’abord, ce travail propose un cadre conceptuel et théorique qui permet une approche fine des goûts et pratiques culturelles de personnes en situation d’immigration, ces dernières ayant été assez peu considérées par la sociologie de la culture à ce jour. Puis, du point de vue des études migratoires, cette thèse montre que les arts et la culture sont de puissants outils pour saisir les logiques complexes d’une vie en migration, que ce soit sur le plan symbolique du sentiment d’appartenance ou sur celui plus concret des interactions interculturelles et interethniques en contexte immigrant. À ce compte, ce travail se démarque au sein d’un corpus où les dimensions sociale, économique, professionnelle, politique, voire religieuse, de la vie des personnes immigrantes sont beaucoup plus étudiées que les questions artistiques et culturelles. Pour terminer, cette thèse éclaire des dynamiques et transformations de l’écosystème culturel montréalais induites par l’immigration récente. Elle fournit ainsi des pistes de réflexion pour les institutions et organismes culturels qui cherchent de plus en plus à agir en regard des enjeux relatifs à ladite diversité culturelle. 

Que signifie pour vous le fait de remporter ce prix ?

Il s’agit d’une marque de reconnaissance qui me touche beaucoup, sachant que le saut en études urbaines était au départ plutôt ambitieux pour moi qui suis issue de la musicologie (baccalauréat) et de l’ethnomusicologie (maîtrise). J’y vois aussi un encouragement à poursuivre mes travaux dans une approche interdisciplinaire, en faisant dialoguer la sociologie de la culture et les études migratoires.

Quel est le prochain chapitre pour vous, maintenant que vous obtenez votre diplôme ?

D’abord, je souhaite publier ma thèse prochainement dans l’une des collections de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture. Je compte aussi poursuivre mes recherches au croisement d’enjeux musicaux et migratoires, en revenant par ailleurs à la thématique dont traitait mon mémoire de maîtrise, soit les carrières d’artistes migrant.es et les enjeux de professionnalisation que ces personnes rencontrent.

Tout cela s’accompagne d’autres beaux défis professionnels, car quelques mois avant la fin de mon doctorat, j’ai obtenu le poste de coordonnatrice générale et scientifique de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique, ce qui me permet d’être au cœur d’un réseau interdisciplinaire et interinstitutionnel de chercheuses et de chercheurs qui ont la musique comme centre d’intérêt commun. Enfin, je suis impliquée dans le milieu culturel en siégeant à un Conseil d’administration du Conseil des arts de Montréal.

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