Anne-Marie Veillette

Je reçois ce prix comme une forme de reconnaissance des efforts fournis non seulement dans le cadre de mon doctorat, mais comme jeune chercheure. Cela m’encourage à continuer mon travail avec les femmes dans les favelas et à diversifier mes cas d’études à d’autres contextes urbains et nationaux. J’espère que l’obtention de ce prix permettra de témoigner du sérieux de mon engagement et de la rigueur de mon travail.

Anne-Marie Veillette
Doctorat en études urbaines, 2022
Centre Urbanisation Culture Société
Direction : Julie-Anne Boudreau

Lauréate d’un prix pour la meilleure thèse de doctorat en 2023


La recherche d’Anne-Marie Veillette constitue une contribution transdisciplinaire remarquable aux débats féministes et décoloniaux. Sa thèse « La Ville des femmes : comprendre les transformations urbaines à partir des femmes des favelas de Rio de Janeiro » est une recherche ethnographique avec 60 femmes issues de favelas. Le résultat captive par sa rigueur, la profondeur des réflexions et par le style d’écriture engageant. Le regard porté sur les transformations urbaines, à partir de la perspective des femmes et de leurs corps, est d’une importance majeure pour le domaine des études urbaines.

Qu'est-ce qui vous a amenée à l’INRS ? Que retirez-vous de votre expérience?

J’ai été attirée au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS par son unicité au Québec. Peu de centres de recherche attirent des chercheuses et chercheurs aussi variés autour des enjeux urbains. Le centre correspond bien à ma propre volonté de faire de la recherche dans une perspective transdisciplinaire.

Ce que je retiens le plus de mon expérience à l’INRS, c’est le dynamisme de la recherche. Il y a toujours une panoplie de projets en cours, avec une forte implication dans leur milieu.

Pouvez-vous décrire l’enjeu et l’impact de la recherche présentée dans votre thèse doctorale?

Au Brésil, les favelas font l’objet de nombreux stéréotypes qui allient ceux envers les pauvres, les femmes et les Afrodescendant·e·s. Dans ce contexte, les contributions des femmes – et de surcroît des femmes des favelas – à la ville restent largement invisibilisées. Cela se reflète dans le traitement dont elles font l’objet au sein des recherches universitaires. En tant que femmes des « bidonvilles » du Sud global, ce sont souvent à travers les enjeux de violence et de pauvreté qu’on les retrouve dans les recherches en études urbaines. Dans celles portant directement sur les favelas, les femmes ne sont que rarement les protagonistes, encore moins dans une perspective qui permet d’analyser cedit protagonisme à la lumière des rapports de pouvoir basés sur le genre et la race. Ensemble, ces représentations sociales et scientifiques des femmes des favelas ne permettent pas de les envisager comme des actrices de transformation, et ce, même si dans les faits, elles soutiennent des familles, des communautés et des réseaux urbains entiers.

C’est la raison pour laquelle, dans ma thèse, j’insiste sur l’importance de revoir les manières par lesquelles nous produisons de la connaissance sur la ville, afin de prendre en considération les impacts de savoirs « autres » sur les transformations urbaines.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix?

Travailler dans les favelas est un défi de taille pour une personne qui vient de l’extérieur. Je reçois ce prix comme une forme de reconnaissance des efforts fournis non seulement dans le cadre de mon doctorat, mais comme jeune chercheure. Cela m’encourage en outre à continuer mon travail avec les femmes dans les favelas et à diversifier mes cas d’études à d’autres contextes urbains et nationaux. J’espère que l’obtention de ce prix permettra de témoigner du sérieux de mon engagement et de la rigueur de mon travail.

Quel est le prochain chapitre pour vous maintenant que vous avez obtenu votre diplôme ?

J’espère me servir des assises développées au cours de mon doctorat pour poursuivre mes recherches et les ouvrir à d’autres villes à travers les Amériques. C’est ce que je fais actuellement dans le cadre de mon postdoctorat à l’Université de Pennsylvanie et ce que je souhaite continuer à faire à long terme.

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