Sophie Dufour-Beauséjour
« C’est à l’INRS que j’ai pu réconcilier mes valeurs d’engagement communautaire avec mon travail de recherche. Je reçois ce prix comme une validation de mon parcours éclectique. »
Sophie Dufour-Beauséjour (Ph. D. Sciences de l’eau, 2021)
Analyste en politiques
Préparation aux changements climatiques
Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier à l’INRS?
Après ma maîtrise en physique fondamentale, j’avais envie de m’attaquer à des enjeux concrets. C’est l’approche interdisciplinaire de l’INRS qui m’a intriguée. Je voulais aussi avoir une femme comme directrice. Ce n’était pas facile à trouver dans mon ancien domaine ! J’ai eu le privilège d’être l’une des dernières étudiantes de la professeure Monique Bernier avant sa retraite; c’est une pionnière de l’observation de la Terre.
Que retenez-vous de votre expérience à l’INRS?
Un mélange de journées de terrain d’hiver sur la banquise au Nunavik et de fous rires au laboratoire d’informatique de mon groupe de recherche. Je n’avais jamais fait de terrain avant de commencer ma thèse. J’ai appris sur le tas, grâce à la générosité de nos collaborateurs nordiques. Ne pas se prendre trop au sérieux et savoir accueillir les imprévus ! C’est ce que je retiens.
Avez-vous un souvenir préféré du campus?
Ce que j’ai préféré c’était la diversité culturelle qu’on retrouve à l’INRS. L’association étudiante a exposé une carte du monde dans le hall un été, où on a tous et toutes mis une épingle sur notre pays d’origine. Je m’ennuie de cette communauté hétérogène, c’était d’une grande richesse !
Quelle est la leçon la plus importante que vous retenez de votre passage à l’INRS?
L’importance de cultiver son bien-être. J’avais décidé dès le début que je ne me rendrais pas malade pour avancer mon doctorat. Ma directrice a toujours respecté mon rythme de travail et mes limites. Je suis fière que mon travail soit reconnu sous ces conditions. Ça démontre qu’on peut faire de la recherche plus lentement et en préservant notre qualité de vie.
Parlez-nous de votre parcours depuis l’obtention de votre diplôme
Dans ma dernière année de thèse j’ai postulé au programme de Recrutement de leaders en politiques du Gouvernement du Canada. L’annonce s’adressait aux diplômés des cycles supérieurs voulant trouver des solutions créatives aux défis de l’heure. Ça a piqué ma curiosité ! J’ai eu le privilège d’être sélectionnée. Dans mon travail, je m’appuie sur l’expertise développée pendant mon doctorat, mais aussi sur ce que j’ai appris en m’impliquant dans les associations étudiantes, à la radio et dans d’autres projets liés à la justice sociale. J’apprends énormément.
Comment votre passage à l’INRS vous a-t-il préparée pour votre carrière?
J’étais responsable de presque toutes les étapes de ma thèse, de la planification de la collecte de données à la publication des résultats. Faire un doctorat c’est de la gestion de projet. On met souvent l’accent sur nos connaissances pointues, mais les chercheuses sont aussi polyvalentes, stratèges, et axées sur la communication.
Quels conseils aimeriez-vous donner aux étudiantes et étudiants actuels?
Prenez votre place et battez-vous pour vos principes, à l’université comme ailleurs. Prenez soin de vous et de vos collègues. N’ayez pas peur d’échouer, c’est une façon d’apprendre. Vous avez le pouvoir de transformer nos institutions de recherche : prenez-le.
Quels sont vos souhaits pour l’avenir?
C’est parfois difficile d’être optimiste. À l’aube de ma diplomation, le colonialisme et le racisme systémique continuent de briser des vies, sans compter les féminicides qui s’accumulent. Je souhaite qu’on me donne espoir. J’espère voir l’autodétermination des peuples autochtones s’accélérer au Canada. Je veux que les décideurs soient poussés à investir pour cultiver la mixité sociale et l’accès à la nature. C’est à nous de créer des communautés bienveillantes. Courage !