Philippe Rivet
Philippe Rivet
Maitrise Sc. Études urbaines, 2004
Chef d'équipe, développement social et monitoring, Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)
« La recherche, qui permet de mettre en lumière les bons et moins bons coups, est essentielle au développement de nos villes et l’INRS a toute sa pertinence en préparant des chercheuses et des chercheurs interdisciplinaires de haut niveau prêts à faire face à ces grands défis sociétaux. »
À la suite de l’obtention de son baccalauréat en géographie en 2001, Philippe Rivet poursuit une maitrise en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) sous la direction de Mario Polèse, professeur émérite et spécialiste en économie urbaine et régionale. Son mémoire sur l’impact des « remesas » au Mexique, ces transferts d’argent que les émigrés, expatriés pour des raisons économiques, envoient à leurs proches restés dans leurs communautés, a obtenu la plus haute mention du jury.
Ce qui a motivé Philippe Rivet à poursuivre ses études à l’INRS, c’est la réputation du Centre Urbanisation Culture Société (UCS) en matière de recherche sur le développement et les dynamiques urbaines. « L’approche interdisciplinaire est sans contredit l’une des forces principales de l’INRS et a teinté mon parcours au centre UCS. Dans le cadre de l’enseignement, mais aussi lorsqu’on intègre un groupe de recherche à titre d’étudiant, on a la chance de travailler avec des gens qui proviennent d’un ensemble de disciplines ; que ce soit l’économie, les sciences politiques, la sociologie, la géographie. Cela permet d’avoir une perspective beaucoup plus large des enjeux et problématiques liés à un même objet de recherche. »
Ses travaux de recherche sur le terrain, qui se sont déroulés dans l’état de Puebla au Mexique, sont parmi ses souvenirs les plus mémorables de son passage à l’INRS. Il se remémore : « J’avais intégré un groupe de recherche, coordonné par l’INRS et l’Université autonome de Puebla, et nous étions plusieurs étudiants et chercheurs tant canadiens que mexicains qui provenaient de diverses disciplines et qui collaboraient sur des enjeux en lien avec le développement régional, la migration et les envois de fonds. Ces séjours à l’étranger m’ont fait vivre de beaux moments d’échanges et de camaraderie. »
Il retient surtout de son parcours d’études à l’INRS « qu’il ne faut jamais sous-estimer la force de la multidisciplinarité dans l’analyse des enjeux, notamment ceux liés au développement territorial. Par exemple, la façon dont on planifie et on développe l’habitation à l’échelle métropolitaine qui est le sujet sur lequel je travaille à l'heure actuelle, va avoir des impacts tant sur l’intégration socio-économique des nouveaux arrivants, que sur l’étalement urbain, sur la santé, sur la protection des milieux naturels et agricoles. Donc pour vraiment bien cibler les enjeux et ensuite développer les outils ou les politiques et les programmes adéquats, on doit être capable de travailler avec des concepts qui proviennent de différentes disciplines et c’est notamment ce qu’on fait à l’INRS. C’est vraiment quelque chose que je retiens de la méthode de l’INRS. C’est la force de la transdisciplinarité ».
Une fois sa maitrise complétée, Philippe travaille deux ans à l’INRS en tant qu’assistant de recherche au laboratoire en statistiques spatiales et développement urbain et au réseau Villes Régions Monde (VRM). Il a collaboré avec plusieurs chercheurs sur des projets liés à l’urbanisation et à la métropolisation, qui demandaient une bonne connaissance théorique de ces phénomènes ainsi qu’une bonne connaissance des méthodes quantitatives et de l’analyse spatiale. Un emploi qu’il qualifie « de très stimulant et formateur » où il a pu toucher de façon très concrète au travail de recherche *et se bâtir un bon réseau de contacts.
En 2006, il se joint à l’équipe de la communauté métropolitaine de Montréal (CMM) en tant qu’analyste en statistiques métropolitaines, un nouveau poste dans ce qui était alors un nouvel organisme, créé en 2001 par le gouvernement du Québec, où tout était à bâtir. Philippe Rivet est rapidement promu au sein de cette organisation pour devenir l’un de ses piliers en matière de recherche. Il est aujourd’hui chef de l’équipe dédiée aux questions d’habitation et est également responsable de l’Observatoire Grand Montréal, une plateforme de diffusion d’analyses et de données statistiques et cartographiques alimentées par la CMM, et qui est un outil de référence incontournable sur le Grand Montréal. Sans équivoque, Philippe admet que ses études à l’INRS lui ont permis de développer « un important coffre à outil pour l’étude des dynamiques urbaines, régionales et métropolitaines, mais également pour l’analyse des politiques et des outils de planification territoriale, ce qui a été jusqu’ici très utile dans les différentes étapes de ma carrière. » Il invite d’ailleurs les étudiantes et étudiants à profiter de leur expérience à l’INRS pour interagir avec les différents professeurs et chercheurs et « si vous avez la chance, intégrer des groupes de recherche. C’est enrichissant et cela permet d’établir un bon réseau de contacts pour les projets à venir. »
Philippe conclut notre entretien en espérant que dans le cadre de son travail à la CMM et de manière plus générale, que nous puissions accélérer la transition écologique. « Je suis heureux de voir que les élus municipaux sont de plus en plus nombreux à mettre en place des initiatives et des actions pour favoriser la transition écologique. Les enjeux sont énormes. La croissance urbaine devra passer plus que jamais par le développement de milieux de vie denses, vivants, et accessibles à tous, qui mettent moins de pression sur les milieux naturels et agricoles et qui encouragent les transports actifs et collectifs. » Et il ajoute : « La recherche, qui permet de mettre en lumière les bons et moins bons coups, est essentielle au développement de nos villes et l’INRS a toute sa pertinence en préparant des chercheuses et des chercheurs interdisciplinaires de haut niveau prêts à faire face à ces grands défis sociétaux. »
[Propos recueillis en janvier 2023.]